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mis à jour le :
lundi 22 mai, 2017
Réflexions sur la vidange de siphons par gravité.
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P. Gilotte, L. Duparchy (SCSC - 39).
Sur une idée de B. Lismonde (SGCAF - 38)
Paru dans : "Les Chroniques du SCSC" n°10 août 1993 page 3.

Souvenez-vous, juillet 1986 minuit quinze, deux individus louches gravissent le chemin des Foules sur une moto 125 cm3, pénètrent dans la grotte du même nom, se pressent jusqu'au siphon de l'avion pour aboutir, consternés, devant l'extrémité d'un tuyau qui ne coule plus depuis peu. Lequel, tuyau, avait été amorcé l'après-midi par une équipe plus importante (S. Dunod, L. Duparchy, F. Jacquier, Ph. Gilotte, B. Piard, F.Poncet). Une journée d'efforts inutiles car le but de cette opération nocturne était de repousser l'extrémité du tuyau plus bas dans le siphon après évacuation de la partie supérieure de la vasque. Or l'amorçage d'un tuyau de gros diamètre étant une opération délicate, nos deux compères poussèrent le cri de rage bien connu du spéléo dépité : M… ! De retour à l'air libre, une réflexion commune abouti à la conclusion suivante :
· Un tuyau est dit "amorcé" si, et seulement si, il est rempli d'eau et qu'une de ses extrémités est dans la nappe d'eau alors que l'autre extrémité est à un niveau inférieur ou égal hors de cette nappe.

Siphon 1

L'axiome ci-dessus ne parle ni de débit ni de circulation d'eau. En effet nos deux compères auraient passé une bien meilleure nuit s'ils avaient pensé, une fois le tuyau "amorcé" à boucher l'extrémité "B" durant la nuit. Le lendemain matin, frais et dispo, ils auraient ôté le bouchon et le siphonnage aurait repris son cours sous la surveillance active des spéléos prêts à repousser le tuyau au fur et à mesure de la baisse du niveau.

Depuis, passés maîtres dans l'art du siphonnage par gravité et après avoir tourné sept ans notre langue dans la bouche de la voisine, nous vous livrons les réponses aux questions suivantes :
· Est-il possible de garder un tuyau éternellement amorcé ?
Réponse : OUI.
· Même si le siphon se vide totalement ?
Réponse : OUI.
· Nooon !!!??
SI !

Printemps 1993, nos compères se retrouvent devant le siphon du trou Glou-Glou à 10 mètres de l'entrée, un tuyau dans les mains et des idées dans la tête, suite à une expérience tentée par le SGCAF au TQS, nécessitant deux bouteilles (de table) une gueuze de béton et permettant, en théorie, de garder un siphon désamorcé en permanence. Mais n'ayant ni bouteille ni gueuse ils décident de tenter quelque chose.
· Première réflexion : s'il est nécessaire de faire baisser le niveau d'un siphon pour passer, est-il toujours nécessaire de le vider complètement ?
Réponse : NON.

Première solution :

Siphon 3

Le niveau "C" est le niveau maxi du siphon permettant de franchir confortablement celui-ci. Dans les cas ne nécessitant pas une grande précision dans la position du niveau "C", il suffit que l'extrémité "B" du tuyau soit au-dessus de l'extrémité "A" positionnée, si possible, au point le plus bas. Le siphon se videra jusqu'au niveau "B" puis s'arrêtera : le tuyau restant plein ou "amorcé". Si le niveau de l'eau remonte le siphonnage reprendra de lui-même.
Grâce à ce procédé, le siphon reste toujours au niveau "C" sauf bien sur si l'alimentation s'établit à un débit supérieur à celui du tuyau ou si le siphon se vide totalement durant une période, par évaporation par exemple, désamorçant le tuyau.


Deuxième solution :

Siphon 4

En plaçant l'extrémité "A" du tuyau dans la bouteille, l'effet décrit plus haut est le même à quelques petites différences :
C'est la hauteur de la bouteille qui détermine le niveau "C" minimum. En effet si l'extrémité "B" à un niveau compris dans la hauteur de la bouteille, c'est uniquement l'eau de la bouteille qui sera évacué une fois le niveau haut de celle-ci atteint.
Dans le cas où l'eau du siphon disparaît complètement, il reste de l'eau dans la bouteille et le tuyau reste "amorcé".
…Quant à la gueuze de béton, elle servira à bien fixer la bouteille dans le siphon. La deuxième bouteille sera prévue du meilleur vin du Jura et vous pourrez la boire si ça marche.

Améliorations.

· Le tuyau sera choisi rigide pour supprimer l'effet d'écrasement dû à la dépression, et transparent pour déceler les bulles lors de l'amorçage et les éventuels bouchons.
· Le procédé le plus efficace pour amorcer le tuyau semble être la pompe à main (type mazout) placée dans la vasque.
· L'extrémité "B" est retournée vers le haut afin d'éviter les remontées de bulles d'air ; ce qui désamorcerait le tuyau.
· Une grande boucle de retour, avant l'extrémité "B", pourrait permettre de stocker une grande quantité d'eau et permettre le réamorçage du tuyau si celui-ci se désamorçait malgré toutes les précautions.

Rappels.

· La hauteur maximale théorique entre le niveau de la nappe et le point haut est de 10,33 m (1 Atmosphère).
· Plus la différence de niveau entre le point "A" et le point "B" est importante, plus le débit est important.

Conclusion.

Certains diront que deux pages consacrées à un sujet aussi éculé que le rôle de la gravité pour le siphonnage c'est beaucoup et que les auteurs n'ont fait que réinventer la poudre. Nous répondons que le seul but est de promouvoir la qualité des vins du Jura et que bien peu sauraient, de nos jours, fabriquer de la poudre (sujet d'une prochaine réflexion).

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