Qu'est-ce qu'un spéléologue disiez-vous ? Un
sportif aimant le risque et l'aventure, un curieux toujours inassouvi
qui cherche sous terre ce qu'il ne peut découvrir ailleurs, un scientifique
avide de savoir et de comprendre la terre sur laquelle il vit ?
Vaste question en effet et âpre débat. J'y ajoute ma modeste contribution
en citant celui que d'aucuns nomment aujourd'hui l'apôtre de
la spéléologie : Édouard Alfred MARTEL (extraits
de 10eme Campagne Souterraine in Mémoires de la Société
de Spéléologie N°20 Juin 1899).
<< Par qui et
quand sera fait le travail de déblaiement qui reliera l'ancienne communication
entre les deux cavités ? Et quelle superbes trouvailles ce déblaiement
ne provoquerait-il pas sur le parcours de l'aven au Tombeau ? Voici
une recherche vraiment bien propre à tenter la Société France Pittoresque
propriétaire actuel de la belle grotte de Dargilan. Souhaitons à cette
entreprise une prospérité suffisante, pour étendre quelque jour ses
efforts jusqu'à la désobstruction de l'aven. De quel attrait ne serait
point pour les touristes, l'entrée sous terre par le fond du puits
naturel et la sortie au jour par la bouche de la caverne ?
(...)
Aussitôt la découverte effectuée, un acte notarié a été passé avec
le propriétaire du champ où s'ouvre le gouffre, pour assurer l'aménagement
dans les meilleures conditions possibles. L'aven Armand n'attend donc
plus que le Mécène qui voudra bien le rendre pratiquement visitable,
et doter ainsi la France d'une nouvelle merveille pittoresque. Le
Conseil Général et la commune de Meyrueis sont d'ores déjà prêts à
mettre en excellent état les chemins qui conduisent les voitures à
dix mètres de son orifice ! Le seul drawback (comme diraient
les Anglais) de l'aven Armand, c'est justement de ne pas se trouver
dans une de ces régions suisse, italienne, belge ou anglaise, où l'intérêt
privé sait si bien mettre en valeur les ressources dispensées par
la généreuse dame nature ! En ces pays d'intelligente initiative,
l'aven Armand eut été livré au public dans les six mois de sa découverte.
En France, il nous faudra peut-être, comme à Padirac, dix ans pour
atteindre ce but ! >>
Éclairons
ces quelques lignes de la fermeture de la rivière souterraine de l'Abeil,
de l'ouverture au public de l'Aven des Lauriers, des bruits qui ont
couru sur le massacre des chauve-souris lors de l'aménagement du gouffre
de Cabrespine, du débat sur une éventuelle fermeture et mise en exploitation
de la Cave de Vitalis et celle un temps programmée de l'Abîme du Mas
Raynal. Ajoutons-y les vues très particulières d'un propriétaire de
650 hectares de Séranne et, dès lors, il sera possible de s'interroger :
M. MARTEL était-il spéléologue ?
N'aurait-il pas été plutôt le premier grand ambassadeur du tourisme
méridional. Tourisme au nom duquel on a depuis bétonné le littoral,
exterminé moustiques et chauves-souris qui s'en nourrissaient, mis
en chantier la balafre autoroutière qui défigure les Causses pour
toujours au profit exclusif de milliers de citadins Européens en quête
de soleil pendant deux mois d'été ? ! !
Heymick
Paul
NB : ce texte a été reçu par SOUTERWEB au cours
de l'année 1998, apparemment d'un correspondant anonyme...
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