La Grotte Chauvet n’a pas fini de faire parler d’elle. Cela étonnerait bien ceux qui y ont créé de leurs mains de si belles œuvres. Quoi que ; ce n’est pas certain. Si c’était déjà un lieu de culte chamanique, ce qui les étonnerait surtout c’est qu’elle soit devenue un lieu de culte consacré au Dieu Fric. 

Vous avez dû le lire ces jours-ci : le tribunal a condamné l’État à verser plusieurs centaines de millions lourds aux trois propriétaires des terrains expropriés car se situant au-dessus de la cavité. Parmi eux se trouve le nouveau maire de Vallon-Pont-d’Arc qui s’en réjouit et c’est bien normal. Si je possédais un morceau de terre inculte et sans autre valeur que sentimentale et que, du jour au lendemain, il me rapporte plus d’un milliard de centimes, j’en serais aussi ravi que lui. 

Ce qui m’étonne plus c’est la satisfaction des nombreuses personnes qui, à l’énoncé de ce verdict, ont réagi en se disant : « C’est bien fait que l’État ait à payer, voilà qui l’apprendra à spolier les citoyens ! »  Je crains que ces personnes n’aient pas vraiment saisi les implications réelles de cette affaire.  

Certes le sous-sol appartient au propriétaire des terres du dessus, nous sommes bien placés en spéléo pour le savoir, sauf si on y trouve du pétrole ou des minéraux recherchés (charbon, métaux, diamants, uranium) auquel cas cette ressource appartient à la Nation qui peut en disposer à sa guise. Mais pour Chauvet ? Là le terme juridique employé,  Patrimoine de l’Humanité , est défini par l’UNESCO. C’est donc bien plus important que du minerai de cuivre. Et pourtant l’État va devoir débourser des centaines de millions pour racheter ces terrains… 

Mais l’État c’est qui ? C’est vous mes agneaux ! Dans notre démocratie vous votez pour élire le législatif et une partie de l’exécutif. De plus vous payez des impôts et des taxes pour que la Nation puisse fonctionner. Vous faites partie de l’Humanité que je sache : donc vous venez d’être condamnés par un tribunal à racheter très cher ce qui vous appartenait déjà. Et vous n’aurez même pas de tarif réduit pour aller visiter le site !

La solution équitable aurait été de remplacer aux propriétaires ces terres par des terres équivalentes -en superficie, couverture végétale etc.- prises sur le bien commun (terrains des domaines) et de leur accorder un pourcentage sur les bénéfices futurs. Cela aurait eu le double avantage de remplacer la perte à l’identique et d’accorder un dédommagement réellement proportionnel à la valeur de ce qui avait été trouvé. Car dans 30 ans, qui sait combien aura réellement rapporté cette découverte aux collectivités locales et à l’État ? Tout aussi bien un lourd déficit ou peut-être une fortune bien plus grande que ces quelques milliards…

Rabachol