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Édition du 12 janvier 2009 :

Alès : Un spéléologue remonte à la surface après trois semaines au fond d'une grotte

Le spéléologue Patrick Candela, enfermé depuis le 21 décembre dans le trou du Mulet, l’une des 120 cavités de la commune cévenole de Mialet (Gard), est remonté à la surface cet après-midi. Il s’est dit heureux de retrouver l’air libre même si son expérience, rarissime car pendant trois semaines il n’a eu aucun contact avec l’extérieur, s’est remarquablement bien passée.

Spéléo : Patrick Candéla à 50 m sous terre

Quand ses amis spéléologues l'ont rejoint au fond du Trou du Mulet, l'une des 120 cavités de la commune gardoise de Mialet, hier, vers 16 heures, Patrick Candéla venait de prendre son petit-déjeuner, seul par 50 mètres sous terre et 13° C... « Je croyais qu'il était 8 heures », expliquait-il en souriant. Son expérience venait de se terminer.

Trois semaines sans montre ont provoqué chez lui une petite dérive temporelle. Elles l'ont aussi fatigué, mais l'homme était souriant, à l'heure de sa remontée à la surface, parmi la vingtaine de personnes et le spéléo-secours venus l'accueillir et l'aider à remonter 180 kg de matériel .

Avec le soutien des spéléo- clubs d'Alès, Anduze, Bagnols, Allègre, Saint-Jean- du-Gard et aussi celui de son club en Touraine, ce Sétois d'origine, qui vit à Tours, où il travaille dans une cafétéria, a tenté et réussi, à 53 ans, une expérience rare. Elle aurait d'ailleurs sans doute été interdite s'il avait fait des demandes d'autorisation officielle.

Car son isolement sous terre a été total. Ni ligne de vie, ni téléphone : Patrick Candéla n'avait aucun moyen de contacter la surface, même en cas d'accident. Il ne pouvait pas non plus remonter seul, puisqu'à sa demande, pour parfaire l'expérience, une échelle avait été enlevée, l'empêchant de rejoindre 40 mètres d'étroitures conduisant, à travers un immense chaos rocheux, à l'air libre.
Encore au fond, il justifiait sa démarche : « On est dans une époque du tout sécuritaire. Je crois que le propre de l'homme c'est, dans une certaine mesure, de prendre des risques. Chacun devrait être libre de les prendre. C'est comme ça qu'on progresse ! » Les siens étaient calculés, puisqu'il avait déjà passé six jours sur place l'été dernier et qu'il se préparait depuis quatre ans.

Chaque jour, Patrick Candéla s'était fixé un programme : petit-déjeuner, hygiène, spéléo, photo, désobstruction de la cavité, recharge manuelle des accumulateurs... « J'occupais aussi mes journées à écrire. » Il a enfin lu et notamment relu, 2001, Ody ssée de l'espace. « Je me comparais à un vaisseau spatial. Mais ici, l'espace, c'était le temps et je le remontais. » Et le soir du réveillon, il s'est offert un filet de merlu avec un pastis.

En tenant compte de ses déchets, il a essayé de mesurer la fuite du temps : « C'est une manière de savoir si on peut avoir des repères temporels sans appareil. » Il a aussi conservé urines et selles, pour préserver la grotte et pour analyses. Lesquelles devraient permettre d'étudier les effets de l'expérience sur le corps humain. Les résultats devraient être publiés dans un bulletin de la Fédération française de spéléologie.

Caroline FROELIG

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