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Périlleuse mission dans l'aven pour sortir le corps du spéléo
Ils avaient décidé, lundi, de passer la nuit sur le causse Méjean à la belle étoile, après avoir visité ce gouffre naturel, situé au-dessus de la commune des Vignes. Le drame s'est produit alors que les spéléologues effectuaient la remontée vers la surface. Descendus jusqu'à la "rivière des obstinés" après un cheminement de quatre heures, ils avaient atteint le niveau des -220 mètres, lorsque la victime a chuté. Selon les premiers témoignages, le jeune homme était en train de retirer les cordes pour déséquiper et a glissé. « Les raisons exactes de l'accident sont encore inconnues », précisait, hier matin, le capitaine Frédéric Robert, du SDIS-48. Immédiatement, quelques-uns de ses camarades se portent à son niveau, vingt mètres plus bas, afin de lui prodiguer les premiers soins. Les autres se dirigent vers la sortie du gouffre pour prévenir les secours. Trois heures plus tard, vers 22h15, les pompiers sont sur les lieux du drame, accompagnés de membres de la Fédération française de spéléologie. Un médecin les accompagne dans la descente et trouve Bastien Pédel, victime d'une perforation au poumon et autres polytraumatismes. Les secours décident de médicaliser les lieux afin de l'opérer sur place, tant l'évacuation s'annonce longue et difficile. Mais quelques minutes plus tard, le jeune homme succombe à ses blessures. Selon Jean Bancillon, président du comité départemental de spéléologie, «Bastien était un habitué de ce genre d'expédition. Il faisait partie de l'équipe de secours du département. Il connaissait toutes ces manœuvres. » Dans la nuit froide, l'information arrive en surface. Très vite, les pompiers et la préfecture mettent en place une cellule d'aide psychologique, afin de soutenir les camarades et parents de la victime. Mais une autre opération débute, afin de remonter le corps. « Cela va prendre beaucoup de temps, indiquait le capitaine Robert. Afin de permettre le passage de la civière, nous devons élargir les parois. Les artificiers gardois vont y travailler. » À cinquante mètres sous terre environ, sept chantiers de désobstructions à la dynamite sont ainsi nécessaires. Les travaux ont commencé hier en milieu d'après-midi mais s'annonçaient délicats. « Il règne une certaine incertitude sur la réaction des gaz aux explosions. Ils peuvent être aspirés au fond, stagner ou remonter à la surface », précisait Frédéric Robert. La nuit dernière, les équipes de spéléologues lozériens, en collaboration avec les pompiers, devaient débuter les premiers aménagements afin de faciliter la remontée de la dépouille. Car cet aven possède des passages vraiment étroits. C'est une succession de petits puits où il est difficile de se frayer un chemin. » Le corps de la victime devrait donc être remonté aujourd'hui ou, au pire, dans le courant de la nuit. Il ne sera pas déplacé avant l'intervention du peloton de gendarmes spéléologues, arrivé hier soir des Haute-Pyrénées afin de mener les premières constatations et débuter l'enquête qui devra déterminer les causes exactes du décès. Hier, certains se demandaient pourquoi le groupe avait choisi cette période hivernale pour descendre dans l'aven. « La période n'est absolument pas la raison première de l'accident, répond Jean Bancillon. La température sous terre est de 10°C, plus chaude qu'en surface, et les crues n'ont pas atteint cette partie-là des Causses. L'aven de la Cheminée est un grand classique pour les spéléologues confirmés depuis qu'un nouveau réseau de galeries a été découvert. Ce groupe l'avait déjà exploré. » À Chanac, là où résidait le jeune homme, l'heure était plutôt au recueillement. Bastien Pédel participait activement à la vie de la cité, notamment par le biais du milieu associatif. Le maire de la commune, Philippe Rochoux, parlait, hier soir, « d'un choc. Un véritable drame. Chanac est un petit village où tout le monde se connaît. Nous sommes tristes. Pour Bastien, pour sa famille. » L'accompagnateur, président du club caussenard, trop éprouvé, ne parvenait, lui, à s'exprimer. Depuis des années, il partageait avec les adolescents de nombreuses expéditions. Ce sont eux, d'ailleurs, qui lui avaient demandé de préparer cette sortie de Noël. Cela devait être une belle fête, mais le destin en a décidé autrement. Ludovic TRABUCHET |
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