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Haroun TAZIEFF (11
mai 1914 Varsovie, Russie / 2 février 1998 Paris, France)
Né à Varsovie (alors Russe) au début de la première guerre
mondiale, d'un père Géorgien et d'une mère Polonaise, la vie d'Haroun
Tazieff fut riche en rebondissements. Sa mère se réfugie à Bruxelles
en 1920 et c'est là qu'il va grandir et se créer cette passion fantastique
de l'aventure qui le guidera toute sa vie. Déjà à 12 ans il prépare
avec un copain une expédition, heureusement mise en échec, pour
le Pôle Nord. Après une tentative d'engagement dans la marine, il
se tournera vers la boxe où il va faire une carrière amateur plus
qu'honorable avec 49 victoire en 53 combats.
Tazieff se lance ensuite dans les études et devient
ingénieur agronome. Pendant la guerre où il sera blessé et où il
s'évadera à sa sortie d'hôpital, il entre dans la résistance dans
la mouvance communiste. Il se lance dans les sabotages, mais aussi
dans l'escalade bravant les interdits nazis. A la libération, avec
un nouveau diplôme d'ingénieur des mines en poche, il part en Afrique
travailler dans une mine d'étain au Congo belge. C'est là que va
naître sa passion pour les volcans qui le rendra célèbre. Il y découvre
en effet l'éruption du volcan Kitouro près du lac Kivu. Il rentre
alors en Belgique et prend un poste d'assistant au laboratoire de
volcanologie d'Ivan de Magnée. C'est avec difficulté qu'il essaie
jusqu'en 1958 de faire reconnaître cette spécialité et d'obtenir
des crédits, chose peu aisée quand on est un illustre inconnu.
Alors, me direz-vous, que vient faire ce volcanologue
dans la liste des spéléologues célèbres ? Tout d'abord c'est son
esprit d'aventure et baroudeur qui est le premier lien avec tous
les hommes et femmes de cette liste, et puis bien sûr c'est l'épisode
de sa vie qui va le mettre en avant de la scène médiatique : l'exploration
du gouffre de La Pierre Saint Martin ! Nous sommes en Août 1951,
Tazieff fait partie cette année-là de l'équipe de Max Cosyns
qui part à la conquête du gouffre Lépineux et de son immensité souterraine
du Massif de la Pierre Saint Martin. L'année suivante, deuxième
expédition où malheureusement un drame va se produire : c'est la
chute et la mort de Marcel Loubens qu'il sera cette année-là impossible
de remonter. De grands noms sont attachés pour toujours à ces deux
aventures sans précédent : COSYNS, TAZIEFF, LOUBENS et LEPINEUX,
bien sûr, mais aussi CASTERET, ERTAUD, JANSSENS, LABEYRIE, LAISSE,
LEVI, LOUIS, MAIREY,MORIZOL, OCCHIALINI, PEROT, PETITJEAN, THEODOR
ainsi que tous les bénévoles anonymes qui vinrent leur apporter
aide et réconfort.
De cette bouleversante épopée, H. Tazieff tirera
un livre passionnant : "Le Gouffre de la Pierre St Martin"
écrit en 1952 et un film : "Eaux souterraines" qui obtiendra
le premier prix au festival de Venise. C'est enfin la célébrité
pour Haroun Tazieff; elle lui permettra de se consacrer pleinement
à sa passion pour les volcans. En 1958 il repart en Afrique explorer
le volcan Niragongo au cratère géant contenant un lac de lave de
plusieurs kilomètres carrés. Il filmera en 1966 "Le volcan
Interdit" qui va immortaliser et faire connaître son uvre
de volcanologue. Désormais sa voie est tracée et son parcours le
mènera aux quatre coins du monde partout où l'écorce terrestre se
fend et vomit ses entrailles brûlantes. Sa carrière scientifique
sera même couronnée, en France, par un poste de Secrétaire
d'Etat sous la présidence de François Mitterrand dans les années
80. Cette dernière expérience le laissera sur sa faim et ce nouveau
citoyen (il a obtenu la nationalité française en 1981) retournera
sur les pentes de l'Himalaya à l'âge de 73 ans. Il décèdera à 84
ans et laissera le souvenir impérissable d'un aventurier des temps
modernes.
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H.
Tazieff à "La Pierre" en 1952 |
H.
Tazieff dans les années 80 |