M. Jean François TERRASSE
Directeur Scientifique
WWF
Fonds Mondial pour la Nature France
151, Boulevard de la reine
78000 VERSAILLES

Monsieur,

Spéléologue passionné, ma grande estime pour les chauves-souris a, je crois, pris naissance en même temps que mon amour des gouffres et cavernes. Cela remonte à une vingtaine d'années et les ouvrages de Norbert Casteret n'y sont d'ailleurs pas étrangers.

Voilà pourquoi, la lecture de " Pour l'amour des chauves-souris. " de Florence Englebert que vous avez préfacé en 1993 m'a fait une impression étrange. L'histoire, en elle-même excellente, n'y est pour rien. Voici pourtant les quelques remarques que j'ai relevées et qui m'interrogent :

p 7 : «des grilles (...) interdisant l'entrée des vandales »
p 10 : «grottes envahies par des visiteurs peu scrupuleux en mal d'aventures »
p 13 : «les grottes où de nombreuses espèces passent l'hiver sont visitées par les spéléologues au détriment du repos indispensable à ces petits mammifères volants »
p 104 : «les grottes les plus reculées (...) deviennent des terrains d'aventure pour spéléologues en mal d'émotions...»
p 119 : «si vous avez des amis spéléologues, informez-les. »

Ces quelques lignes m'ont donné l'impression désagréable que l'auteur ou vous-même considérez les spéléologues de terrain avec un a priori négatif. Je ne voudrais pas que nous soyons victime, comme le sont hélas les chiroptères, d'une série de préjugés négatifs pas vraiment fondés.

Je suis actuellement Secrétaire d'une association exclusivement composée de bénévoles et dont l'activité essentielle est la spéléologie de découverte (prospection, désobstruction de cavités nouvelles, explorations). Depuis deux ou trois ans, j'ai enrichi les rayonnages de la bibliothèque du club d'ouvrages consacrés aux chauves-souris (Guide des Chauves-souris d'Europe édité chez Delachaux et Niestlé par exemple). Je crois partager avec mes amis une grande estime pour les chiroptères : je les admire au moins tout autant que ce que je déteste les moustiques ! Ces mammifères sympathiques sont d'ailleurs à l'honneur sur notre emblème et sur la couverture de notre bulletin interne où trois rhinolophes nous rappellent à chaque parution tout le respect que nous leur devons.

Un vrai spéléologue, respectueux de la nature donc de la faune qui fréquente ces lieux de prédilection, s'abstient de déranger les chauves-souris pendant leur hibernation ou leur reproduction. Nous sommes les premiers à prêcher la bonne parole, nous qui connaissons bien les problèmes de ces petits animaux que, malheureusement, nous rencontrons de moins en moins souvent sous terre. Ah, comme j'aurais aimé lire en page 119 : « Si vous avez des amis spéléologues, demandez-leur de vous parler des chauves-souris »...

Quoi qu'il en soit, et sans rancune, ce livre a pris place, dans ma bibliothèque personnelle, entre « Une vie de chauve-souris » de Norbert Casteret et « L'Atlas Payot sur les chauves-souris » de Jean-François Noblet qui se termine de façon si émouvante avec la photo de « Mirabelle et la Pipistrelle ».

J'espère ne pas avoir trop abusé de votre temps et avoir contribué de façon si minime soit-elle à une meilleure compréhension entre tous les amoureux de la nature. Veuillez agréer Monsieur, l'expression de mes salutations distinguées.

M. Dominique ROS

PS : Existe-t-il des posters ou affiches sur la protection des chauves-souris (hormis celle éditée par la Fédération Française de Spéléologie que nous possédons déjà) et qui pourraient être fixés sur notre stand au cours de la Foire aux associations de Montpellier ? Si c'est le cas pourriez-vous avoir l'obligeance de me faire connaître le moyen de se les procurer. Je vous en remercie.