GPS : qu'es aco ?
CHRONIQUE DE « Doc Carbur » N° 7 |
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NB : les mots comportant un astérisque* sont expliqués dans le glossaire en fin darticle. 1. Introduction Vous venez de découvrir un trou magnifique au milieu
dun tas de broussailles indescriptible. Une belle mousse en
recouvre les parois, aucun spit en vue, pas une trace de pas, la première
sente est à des kilomètres, personne na jamais rien signalé
dans ce secteur : pas de doutes voilà de la première en perspective.
Hélas il est tard et vous navez même pas 5 mètres de nouille,
le week-end est fini et comme vous avez erré au hasard pendant plus
de 4 heures vous êtes totalement perdu
Vous sortez votre carnet
de notes et vous tentez de décrire le lieu avec précision. La boussole
qui pend à votre cou ne vous est pas dun grand secours :
la végétation est dense et le relief du causse ne vous laisse aucune
chance de pointer un sommet quelconque. Il vous faudra des heures
pour retrouver le chemin de terre qui mène à votre voiture. 2. Description générale du système Le Navstar/G.P.S. (Navigation System with Time and Ranging/Global Positionning System) est né en 1973 de la fusion de deux programmes expérimentaux américains (de lU.S. Navy et de lU.S. Air Force) sur le positionnement au sol assisté par satellites. « Hou là là, se dit José, si cest amerloque, doit y avoir des hormones : méfions-nous ! ». En réalité pas dhormones mais des ondes radio qui naviguent entre trois types dappareillages électroniques.
Elles ont pour but de piloter les satellites et sont au nombre de 5 : Iles Hawaï et Marshall (Pacifique), Ascension (Atlantique), Diego Garcia (Océan Indien) et Colorado Springs (USA). Elles enregistrent les signaux émis par les 24 satellites, calculent leurs positions orbitales (éphémérides), recalent leurs horloges atomiques et effectuent des corrections si nécessaire. Dans le système DGPS (GPS différentiel) des stations supplémentaires servent à améliorer la précision en émettant dans un rayon dune centaine de kilomètres, vers les récepteurs spéciaux, des données de correction derreur. Elles sont situées sur des points géodésiques* aux coordonnées connues avec exactitude et établissent ainsi des rapports entre leur propre position fixe et celle calculée par le système GPS. Du coup elles peuvent en déduire les erreurs commises et les corriger : « Hop là , gaffe, on tire un poil trop à gauche, rectifiez ! ! ! »
Ce sont les petits bidules noirs que vous achetez pour à peine plus de 150 € ou 1000 FF (pour le modèle de base) ou plusieurs dizaines de milliers de francs ou deuros si vous désirez une précision de lordre du millimètre (si, si on peut !). Ils reçoivent les infos des satellites à raison de 4 au moins à la fois. A lallumage, le récepteur vérifie quil na pas trop changé de position par rapport à la fois précédente grâce aux almanachs reçus des satellites et choisit ceux qui sont à sa portée. Il calcule ensuite le temps mis par londe pour lui arriver et ceci avec chacun des 4 satellites, puis leur distance en multipliant par la vitesse de la lumière (300000 km/s). Sil est équipé dun récepteur différentiel et si la zone reçoit cette info, il corrige lerreur due aux satellites ou à la transmission (perturbation de lionosphère) et il affiche le tout sur un petit écran à cristaux liquides. Bon là le spéléo moyen commence à craquer car laffichage ne correspond généralement en rien aux coordonnées affichées sur les inventaires de cavité : nous y reviendrons. 3. Précisions sur le fonctionnement
Le récepteur doit déduire sa position de la distance aux satellites dont il reçoit linformation. A la vitesse de la lumière les 20 000 kilomètres qui nous séparent deux sont franchis en 0,007 à 0,008 seconde. Pour être précis la durée du trajet de londe peut varier de 67 à 86 millisecondes selon que le satellite se trouve pile au dessus de votre tête ou presque à lhorizon. Ce nest pas avec votre chrono suisse ou japonais au 1/100eme que vous risquez de mesurer ces délais minuscules. Cest pourtant ce que fait le récepteur GPS. De plus la moindre erreur dun centième de seconde fait varier le calcul de votre position de, tenez-vous bien, 3000 kilomètres au bas mot. Les spéléos toujours en retard dune heure aux rendez-vous sont priés daller voir ailleurs ! Le plus minable des GPS est capable de connaître lheure exacte à 100 milliardièmes de seconde près et il corrige sa pendule à chaque mesure en se recalant sur lheure atomique fournie par les satellites. Pour les ignares, sachez quune horloge atomique a remplacé le balancement monotone du disque de cuivre de votre vieille Comtoise par la mesure des variations électroniques un tantinet plus rapide dun élément radioactif. Depuis lexistence de ce système, la seconde est définie comme suit : «La seconde est la durée de 9 192 631 770 périodes de la radiation correspondant à la transition entre les deux niveaux hyper fins de létat fondamental de latome de césium 133.» Dans les satellites les horloges employées fonctionnent au Césium ou au Rubidium, les premières sont les plus précises et atteignent, en laboratoire, des taux de variations infimes de lordre de la seconde en 3 millions dannées.
Dans latmosphère circulent donc des ondes (porteuse* + modulation*) contenant toutes les infos nécessaires à votre récepteur pour vous dire où vous êtes et, surtout, vous permettre dy revenir : en spéléo cest bien cela qui nous intéresse. La longueur des ondes porteuses* L1 et L2, citées plus haut est denviron 20 cm. Par comparaison, celle des CB ou des ondes courtes est de 11 mètres, la VHF aux environs de 2 m. Le code C/A a une fréquence de 1.023 MHz (environ 300 m de longueur donde) et le code P de 10.23 MHz (30 m). Le second est donc le plus précis, il est géré par larmée des États-Unis dont les appareils utilisent un système de décodage spécial le PPS (la précision de mesure atteint le mètre). Vous, il faudra vous contenter de lautre qui est actuellement suffisamment précis pour obtenir dans de bonnes conditions des mesures à 20 mètres près environ, depuis larrêt de lerreur ajoutée par les USA. En effet, à toutes ces infos utiles, les militaires américains incluent quand et où ils le souhaitent, une dégradation volontaire appelée SA (comme SAleté ou SAgouins !) qui peut faire tomber la précision de la mesure dun facteur 10 ! Bref : si loncle SAM le décide un beau matin, vous pouvez vous retrouver complètement perdus sur le causse avec votre beau machin technologiquement avancé
Quand tout va pour le mieux et quune guerre du Golfe ou du Kosovo nest pas en cours, comment lappareil vous guide-t-il ? Dans un premier temps, le GPS va sinitialiser comme indiqué plus haut et ne le refera plus que si nécessaire. Ensuite il choisit les satellites qui sont les plus aptes à lui donner linformation dans le champ de « vision » de son antenne. Les modèles ayant une antenne extérieure positionnable sont donc préférables si on travaille dans des conditions difficiles (couverture végétale ou relief importants). Dans un deuxième temps votre récepteur va mesurer le temps mis par les ondes de chacun des satellites quil reçoit pour lui parvenir, simultanément il va en déduire la distance et recaler son horloge interne. Par un calcul de triangulation reporté sur un système de cartographie particulier, il va ensuite afficher votre position selon les coordonnées cartésiennes (X, Y, Z). Ce système de repère place lorigine au centre de la terre, laxe Z est laxe de rotation du globe et laxe X rejoint lorigine à lintersection de léquateur avec le méridien* de Greenwich. Pour cela il évalue le point dintersection des trois cylindres ayant pour centre le satellite et comme rayon la distance mesurée entre ce satellite et le récepteur. En théorie et de façon purement géométrique ce point est unique et indique la position du récepteur (voir figure N°1). En pratique des erreurs viennent se glisser dans les mesures et les trois sphères ne coïncident pas toujours parfaitement. Cest, entre autres, pour cela quun quatrième satellite est utile ; de plus celui-ci permettra également de donner laltitude du récepteur (voir figure N°2).
Le GPS offre des possibilités qui dépassent les besoins du spéléo moyen. Nos objectifs principaux sont les suivants :
On voit que dans chacun des cas nous navons besoin que de la fonction de repérage instantané de position. Bon nombre des autres possibilités de cette technologie de pointe seront donc sous utilisées. Les fonctions différentielles. Il faudrait pour cela disposer dune station de correction proche et ce nest souvent possible que le long des côtes dans des zones où le trafic maritime est dense. Cette technique serait néanmoins utilisable pour des massifs karstiques côtiers dans des régions à couverture DGPS et permettrait dobtenir des précisions de positionnement extrêmes (inférieures à 10 m). La gestion de trajets par des centaines de « Way Points ». Nécessaire pour des courses dorientation ou des navigateurs au long cours, elle ne nous est pas dun grand secours. Je ny vois guère quune utilité marginale si vous souhaitez faire le tour, dans un ordre déterminé, de plusieurs exutoires afin de repérer, par exemple, sils se mettent en charge (suite à de fortes pluies) avec une chronologie significative. Par contre pour aller dun point déterminé à la cavité recherchée, lutilisation dun petit nombre « Way Points » (souvent deux : départ et arrivée) est forcément très utile. Lévaluation de laltitude. Primordiale pour un bon pointage des cavités, elle demanderait encore à être confirmée par un altimètre classique. En utilisant correctement un appareil de qualité, on peut espérer avoir une précision de lordre dune dizaine de mètres : cest de toute façon 3 ou 4 fois mieux que ce que vous obtiendriez avec un GPS, malgré lannulation récente de lerreur ajoutée par le militaires américains. Le calcul de la vitesse de déplacement. Vous prospectez en courant vous ?
Inutile de sétendre trop longuement là dessus.
Je suppose que vous savez lire un mode demploi. Comme tout français
moyen, vous vous êtes entraînés sur des tas de notices traduites du
coréen au chinois, puis du chinois en anglais approximatif et enfin
vaguement transformées en ce qui pourrait être éventuellement du français
Quelques conseils simples semblent donc suffire à assurer désormais
des pointages corrects. Au fait, avez-vous vérifié le millésime de votre carte ? Noubliez pas que le nord magnétique change de place sans arrêt. Mais cela cest une autre histoire (voir La Chronique de Doc Carbur N°2). Bonnes explos ! 5. Glossaire par ordre alphabétique (pour revenir au texte cliquez sur le mot) géodésie n. f. Science qui a pour objet de déterminer la forme
et les dimensions de la Terre (géodésie géométrique), ainsi que les
caractéristiques de son champ de gravité (géodésie dynamique). géodésique adj. et n. f. Relatif à la géodésie. Satellite géodésique, mis en orbite pour effectuer des mesures géodésiques. GEOM Ligne la plus courte entre deux points d'une surface. géoïde n. m. Volume théorique (très proche d'un ellipsoïde de révolution) dont la surface, perpendiculaire à la verticale en chaque point du globe terrestre, passe par le niveau moyen des mers. Lambert (Jean Henri) (Mulhouse, 1728 Berlin, 1777) Mathématicien, physicien, philosophe et érudit français qui vécut en Allemagne. Connu pour avoir démontré lincommensurabilité du nombre PI et étudié la trigonométrie sphérique et loptique. TECH Système de projection Lambert : méthode de projection couramment utilisée pour établir des cartes géographiques. Coordonnées Lambert : coordonnées relatives à cette représentation. Nord Lambert : direction du méridien central, passant par le point de tangence. Mercator (Gerhard Kremer, dit) (Rupelmonde, 1512 Duisburg, 1594) Mathématicien et géographe flamand inventeur dun système de représentation cartographique. Projection de Mercator : la sphère terrestre est inscrite dans un cylindre sur lequel on projette les points de la Terre et quon développe (planisphère). méridien n. m. ASTRO Plan méridien dun lieu,
qui passe par la verticale de ce lieu et par laxe de rotation
de la Terre, et dans lequel se trouve le Soleil fictif à midi. modulation n. f. ELECTR Opération qui consiste à faire varier lune des caractéristiques dun courant ou dune oscillation pour transmettre un signal donné. Ex : modulation damplitude. Modulation de fréquence: procédé permettant une reproduction sonore dexcellente qualité, utilisé par la radiodiffusion et la télévision. (onde) porteuse adj. ou n. f. TELECOM onde électromagnétique de haute fréquence dont la modulation permet la transmission de signaux. projection n. f. GEOM Transformation par laquelle on fait correspondre à tout point dune surface donnée un point dune autre surface. Point obtenu par cette transformation puis par élargissement du sens : ensemble des points obtenus par projection dune figure. Ex : la projection dun cercle sur un plan non parallèle à celui du cercle est une ellipse. GEOGR, ASTRO Projection cartographique : représentation sur une surface plane des figures tracées sur une sphère, selon divers modes, notamment par projection orthogonale. 6. Bibliographie pratique et sites web
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