J'étais parti sur mes grandes envolées au sujet de l'affaire qui nous préoccupe tous , quand notre président m'a appelé avec l'idée d'en faire un numéro spécial (mille excuses pour les internautes qui ne comprennent pas cette allusion, mais je vous expliquerai un de ces jours de quoi il retourne : C'EST UN GROS DOSSIER QUI PEUT INTERESSER TOUS LES SPELEOS), du coup j'ai déplacé mon éditorial pour le mettre dans la magnifique section spéciale et je ne sais plus après quoi libérer mon venin habituel... Qu'à cela ne tienne, ceux qui me connaissent savent que je reste rarement en panne de verbe. Pour que renaisse l'inspiration, il suffisait d'un petit clin d'œil du destin : il nous est apparu jeudi soir, sous la forme d'un courrier (de la FFS) au sujet de la modification des normes Européennes en matière de matériel.

Figurez-vous que les cerveaux veillant sur nous à Bruxelles et ailleurs, se sont aperçus que les spéléos et les grimpeurs ont une propension morbide à l'autodestruction, au masochisme et au suicide (c'est évident pour toute personne normalement constituée d'une cravate et d'un costard flanelle). Ils ont donc décidé de s'occuper d'urgence de notre petite santé et de veiller à notre avenir malgré nous : cette rude et valeureuse mission  leur permettra certainement  de gagner le paradis des élus. Grand bien leur fasse, on n'en demandait pas tant ! !
Messieurs, je vous en prie, occupez-vous des problèmes de ceux qui en ont et laissez en paix nos pauvres petites âmes boueuses et couvertes d'ecchymoses. Certes, il nous arrive parfois de nous pencher au-dessus du vide (aucun être censé ne fait cela), de nous plonger tout habillés dans la fange (attitude très certainement anormale) ; nous rampons, nous nous pendons au bout de ficelles humides sommairement nouées sur des boulons rouillés et des anneaux douteux. Du coup, vous décidez de nous fournir du matériel estampillé, vérifié, testé, vacciné, tamponné, patenté, référencé, aseptisé, contrôlé, paraphé, bref du matériel à la norme CE ...

A partir de dorénavant, nous sommes donc censés détruire tout matériel non homologué et le remplacer par du matos CE. De plus, les clubs sportifs n'ont plus le droit de prêter de matériel collectif  mais uniquement du matériel individuel. Le dit matériel individuel devant être détruit à la date de péremption (5 jours pour du jambon cuit, 5 ans pour un casque PETZL). Si on ajoute à cela les effets pernicieux de la nouvelle loi  Pasqua  sur la responsabilité des membres dirigeants du secteur associatif, on arrive à un cocktail détonnant qui remplacera avantageusement le Sygmagel dans les trous de mine. Si les décrets d'application d'une telle directive voient le jour sans qu'aucune adaptation significative y soit apportée, nous serons tenus de changer tout notre matériel (environ 50 000 F la première année) ou de continuer en prenant le risque d'enfreindre la loi et de nous retrouver un jour au tribunal. Je ne pense pas, hélas, que notre dévouement puisse aller jusque là.

Il serait donc plus que souhaitable que les personnes chargées de nous défendre et de nous représenter réussissent à obtenir, avec notre appui, une sérieuse amélioration de ce texte. Faute de quoi, un débat sur une révision minime de la cotisation annuelle des clubs deviendrait aussi obsolète que l'éclairage à la graisse d'Ursus Speleus.

Ne haussez pas les épaules trop vite et souvenez-vous que suite à cette directive, tous les clubs de basket de France ont du, à leurs frais, changer cette année l'intégralité de leurs panneaux ! ! ! ! !

Erdé