Sommaire     Adresses    Index    Mises à jour    Petites Annonces    Rechercher   /  Flyers et pubs    Cartes postales    Autocollants   Timbres   Dessins d'enfant    Coupures de presse   Etiquettes   Souterweb Pratique    Boîte à outils    Humour spéléo    Lectures obscures    BD spéléo    Vulgarisation scientifique   Débuter en spéléo  Matériel   Les coquilles du Niphargus  Poésie

Logo de SOUTERWEB

Pages de poésie souterraine

Prose et vers de (sous) terre

< Page précédente   /   page 1   /  page 2   /  page 3 /  Page suivante >

Dans la grotte

Là ! Je me tue à vos genoux !
Car ma détresse est infinie,
Et la tigresse épouvantable d'Hyrcanie
Est une agnelle au prix de vous.

Oui, céans, cruelle Clymène,
Ce glaive, qui dans maints combats
Mit tant de Scipions et de Cyrus à bas,
Va finir ma vie et ma peine !
Ai-je même besoin de lui
Pour descendre aux Champs Élysées ?
Amour perça-t-il pas de flèches aiguisées
Mon coeur, dès que votre oeil m'eut lui ?

Paul VERLAINE
« Fêtes galantes »

 

Ô gouffre ! l'âme plonge et rapporte le doute

Ô gouffre ! l'âme plonge et rapporte le doute.
Nous entendons sur nous les heures, goutte à goutte,
Tomber comme l'eau sur les plombs ;
L'homme est brumeux, le monde est noir, le ciel est sombre ;
Les formes de la nuit vont et viennent dans l'ombre ;
Et nous, pâles, nous contemplons.

Nous contemplons l'obscur, l'inconnu, l'invisible.
Nous sondons le réel, l'idéal, le possible,
L'être, spectre toujours présent.
Nous regardons trembler l'ombre indéterminée.
Nous sommes accoudés sur notre destinée,
L'oeil fixe et l'esprit frémissant.

Nous épions des bruits dans ces vides funèbres ;
Nous écoutons le souffle, errant dans les ténèbres,
Dont frissonne l'obscurité ;
Et, par moments, perdus dans les nuits insondables,
Nous voyons s'éclairer de lueurs formidables
La vitre de l'éternité.

Victor HUGO

 

Le gouffre

Pascal avait son gouffre, avec lui se mouvant.
- Hélas ! tout est abîme, - action, désir, rêve,
Parole ! et sur mon poil qui tout droit se relève
Maintes fois de la Peur je sens passer le vent.

En haut, en bas, partout, la profondeur, la grève,
Le silence, l'espace affreux et captivant...
Sur le fond de mes nuits Dieu de son doigt savant
Dessine un cauchemar multiforme et sans trêve.

J'ai peur du sommeil comme on a peur d'un grand trou,
Tout plein de vague horreur, menant on ne sait où ;
Je ne vois qu'infini par toutes les fenêtres,

Et mon esprit, toujours du vertige hanté,
Jalouse du néant l'insensibilité.
Ah ! ne jamais sortir des Nombres et des Êtres !

Charles Baudelaire
Les Fleurs du mal

Le puits

Notre puits est ancien, et voilà bien des ans
Que ceux qui l'ont creusé n'ont plus soif en ce monde
Son toit chenu, ses murs qui vont se crevassant
Son pleins de mousse folle et d'herbe vagabonde ;
La margelle s'effrite et tremble comme un seuil
Fatigué par des pas multipliés ; le treuil
Gémit en enroulant la chaîne rauque et vieille
Qui guinde, ruisselante et sonore, la seille.
Mais il ne tarit point, et tout croulant qu'il soit,
Comme un trésor limpide, il garde inépuisable
L'eau qu'on met dans le pain, l'eau dont l'homme seul boit,
Et qu'on ne donne pas aux bêtes de l'étable.

L'eau du puits est un don riche et mystérieux
Jailli du sein obscur des natales collines ;
Plus vivante que l'eau qui ruisselle des cieux,
Elle vient de la nuit féconde où les racines
Puisent les sucs qui font les feuilles et les fleurs,
Et nourrissent les fruits dont les vergers se parent ;
Elle naît et s'épure aux noires profondeurs
Où l'effort patient de la sève prépare
L'épanouissement du divin renouveau ;
Et ceux de la maison, lorsqu'ils s'en désaltèrent,
Boivent dans la vertu que recèle cette eau
Quelque chose de l'âme éparse de la terre.

Louis MERCIER

 

Alors le lumignon qu'il avait sur son casque,
Et dont la flamme charbonneuse luisait,
Cria : Gours dentelés, méandres que revêt
La noirceur éternelle des antres insondables,
Ô tites, ô mites, ô perles admirables,
Je vous prends à témoin que ce casque est seyant !
Et cela dit, semblable au Djinn malfaisant,
Au détriment du cimier du Petzl Fernand,
Il fit d'un coup exploser l'acétylène ;
Il brûla l'Écrin Roc, il incendia ses plans
Et d'une bite à carbure fit une arme suprême ;
Et quant au spéléo que l'incendie décime,
Il le laissa à terre et plongea dans l'abîme.

Victor Spélaïon
in "La Légende des grottes"

IMPORTANTRetrouvez des dizaines de poèmes sur le site de Jura Spéléo compilés par Jean-Claude Frachon : http://juraspeleo.ffspeleo.fr/divers/poemes/poemes.htm

 

Sommaire     Adresses    Index    Mises à jour    Petites Annonces    Rechercher   /  Flyers et pubs    Cartes postales    Autocollants   Timbres   Dessins d'enfant    Coupures de presse   Etiquettes   Souterweb Pratique    Boîte à outils    Humour spéléo    Lectures obscures    BD spéléo    Vulgarisation scientifique   Débuter en spéléo  Matériel   Les coquilles du Niphargus  Poésie