Logo de SOUTERWEB CHRONIQUE DE « Doc Carbur » N° 11
Nos amies les chauves-souris !
Textes Doc Carbur, illustrations Erdé

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Vous détestez les moustiques ? Moi aussi !
Les chauves-souris mangent les moustiques : vivent les chauves-souris !!!

SOMMAIRE

1 Pourquoi parler des chauves-souris ?
2 Pourquoi une chauve-souris sur notre logo ?
3 Mieux connaître les chauves-souris pour mieux les protéger.

3.1 La famille des chiroptères.
3.2 Différentes chauves-souris.
3.3 Vie et moeurs des chauves-souris.
3.4 Habitat.
3.5 Conseils élémentaires aux spéléologues.
3.6 Aider les chauves-souris.
3.7 Connaître la législation.

4 Toute petite bibliographie.
5 Plein d'autres infos sur les chauves-souris.
6 Quelques liens
7 Iconographie


 

  1. Pourquoi parler des chauves-souris ?

    La chauve-souris étonne, fascine ou effraie. Elle est depuis un demi siècle en forte diminution et fait partie des animaux protégés. De nombreux périls la guettent. Il y eut d'abord l'ignorance humaine qui la fit passer pour un monstre qu'il fallait détruire, alors qu'elle est en Europe totalement inoffensive (sauf ponctuellement en cas d'épidémie de rage). Même le fameux vampire, qui a donné son nom au fabuleux personnage qui hante depuis des décennies les écrans des salles obscures, ne suce guère que le sang des plaies d'animaux de ferme et, même si c'est fort gênant pour les éleveurs, cela n'entraîne pas la mort de l'animal en quelques secondes comme on pourrait le croire. Ni d'ailleurs sa résurrection sous forme de zombie assoiffé de sang humain ! Mais depuis ces dernières décennies, ce n'est pas tant parce qu'elle est chassée et tuée volontairement, que la chauve-souris disparaît de nos contrées. Les populations de chiroptères (l'autre nom pour chauves-souris) sont confrontées à deux pénuries : celle de nourriture saine et celle du logement.

    La diminution des surfaces non urbanisées fait diminuer les aires de calme et de refuges où certaines espèces pouvaient survivre, d'autres ont été attirées par les villes où elles rencontrent plus de nourriture car les insectes y volent la nuit concentrés autour des lampadaires. Mais la vie à la ville est dangereuse pour ce petit mammifère, il faut y nicher sous les toits, éviter les véhicules et les chats, dormir derrières les volets roulants des immeubles administratifs d'où on les chasse parfois impitoyablement pour cause de grand nettoyage... Et en zone rurale ce n'est pas mieux : à l'intérieur des terres les agriculteurs utilisent bien souvent des pesticides pour détruire les insectes qui grignotent les récoltes, malheureusement nos amies les chauves-souris voient ainsi leur nourriture se raréfier ou parfois même les empoisonner. De plus, de nombreuses haies ont été détruites pour améliorer les rendements agricoles et faciliter le passage des machines. Près du littoral, ce n'est pas mieux : pendant de nombreuses années les collectivités territoriales ont fait la chasse aux moustiques. Cet ennemi du touriste, qui leur servait de nourriture, a presque disparu pour le plus grand bonheur de tous, ou presque...

    Quant à leur habitat il a vu en quelques dizaines d'années se transformer les belles charpentes de chêne massif en toitures de béton inaccessibles ou, pire, en charpentes de bois traitées contre les capricornes et les termites avec des produits qui ont exterminé des milliers de chauves-souris. Ailleurs encore, ce sont d'immenses galeries de mines ou carrières désaffectées et colonisées depuis leur abandon par les chauves-souris qui sont fermées brutalement (explosion des entrées, béton) pour éviter les risques encourus par les promeneurs imprudents. Parfois aussi l'aménagement touristique de cavités souterraines a chassé des colonies de chiroptères qui y avaient élu domicile.

  2. Pourquoi une chauve-souris sur les logos spéléos?

      Nous sommes des passionnés du monde souterrain et à ce titre nous avons à assumer notre part de responsabilité dans les difficultés de survie de l'espèce. Certaines cavernes ont abrité ou abritent encore des colonies de nidification de chauves-souris. Nous croisons parfois sous terre des chiroptères endormis accrochés aux voûtes et venus là se reposer avant de repartir en chasse à la nuit tombée. Nous avons les moyens de faire connaître à tous notre connaissance du milieu souterrain et de la faune qui l'habite, nous avons aussi le devoir de faire notre possible pour respecter ce petit animal sympathique et ne pas aggraver sa condition déjà précaire. Il ne suffit pas d'en faire un symbole et de l'oublier ensuite.
      Bien des choses peu aimables ont été dites sur les spéléologues assimilés parfois un peu vite aux touristes qui fréquentent le milieu souterrain et sur leur responsabilité dans la disparition des chauves-souris. Nous nous situons très fermement dans la première catégorie des spéléologues non professionnels et, bien que notre activité soit avant tout un loisir, nous revendiquons haut et fort la part scientifique de la spéléologie de nos illustres précurseurs. Ici, la surfréquentation de certaines cavités a pu nuire à certaines colonies de chiroptères, là ce sont les spéléos qui ont signalé les refuges naturels à protéger. Bien souvent amoureux de la nature et de ses mystères, les spéléologues amateurs éclairés (c'est la moindre des choses) ne sont pas insensibles à la dégradation du patrimoine souterrain et nous souhaitons le dire haut et fort.

  3. Mieux connaître les chauves-souris pour mieux les protéger.

Si on ne sait rien de la vie des chauves-souris, il est impossible de les protéger efficacement. On ne peut pas aimer ce que l'on ne connaît pas ou mal. Voici donc quelques éléments de base qu'il sera bien sûr utile de compléter par des lectures plus approfondies.

    3.1 La famille des chiroptères

Voilà un ordre (groupe du vivant) de mammifères très singulier : ce sont les seuls mammifères volants et, comme ce ne sont pas des oiseaux, ils ne volent pas avec leurs ailes mais avec leurs mains ! Le mot savant "chiroptère" a remplacé l'ancien mot latin "vespertilio". Chiroptère est le condensé francisé de deux mots grecs "kheir" qui signifie "main" et "pteron" qui signifie "aile". C'est bien avec les doigts de sa main reliés par une peau, que vole la chauve-souris. A ce sujet, vous n'avez jamais trouvé bizarre que l'on appelle "chauve-souris" un animal qui ,certes a parfois un minois de raton, mais qui est toujours très poilu ?Pipistrelle
Quelqu'un cannait-il la réponse à cette énigme dans la salle ? Oui, madame nous vous écoutons. Bravo, c'est la bonne réponse, vous pouvez vous raccrocher au plafond !
Trêve de plaisanterie : "chauve-souris" est tout simplement une monumentale erreur de traduction. Au cours du haut moyen-âge on appelait donc ces bébêtes "vespertilio", mais ce latin populaire du nord de la Gaule s'est peu à peu transformé. La langue a évolué et s'est mêlée au Francique : dans cette langue on désignait ces animaux par le terme de "kawa sorix" qui signifie "chouette souris". C'est-y pas chouette comme comparaison ? Une souris qui sort la nuit, comme les hiboux, ne peut être qu'une "Chouette souris". Puis la langue a encore évolué, "kawa sorix" est devenu par le biais d'une traduction de quelqu'un certainement bien peu observateur ou ne connaissant pas le francique "calvas sorices" et donc "chauve-souris". Pauvre bête, affublée depuis le VIII eme siècle d'un nom qui lui sied si mal !!!

      ORDRE
      SOUS-ORDRES
      FAMILLES
      GENRES et ESPÈCES
      CHIROPTERES
      Mégachiroptères
      1 Famille :
      les Pteropidés
      500 espèces environ regroupées en plusieurs genres comme :
      les Pteropus
      les Roussettes
      les Vampires etc.
      Microchiroptères
      15 Familles :
      Rhinolophidés
      Vespertilionidés
      Molossidés
      Phyllostomidés etc.

      500 espèces environ regroupées en plusieurs genres comme :
      les Rhinolophes
      les Murins
      les Oreillards
      les Pipistrelles
      les Sérotines etc.

    3.2 Différentes chauves-souris

    ANATOMIE et PHYSIOLOGIE :
    La chauves-souris est un mammifère bien adapté au vol. Ses membres antérieurs (bras et mains) ont évolué en s'allongeant pour donner, grâce à la membrane qui les réunit (patagium) une sorte d'aile. Leur envergure varie selon les espèces de 10 à 170 cm et leur pouce est muni d'une griffe. Leur corps est généralement couvert de poils, leur denture est semblable à celle des insectivores avec quelques variantes chez les vampires par exemple où les incisives sont en forme de gouge.
    Leur patagium réunit les membres antérieurs aux membres postérieurs dont les pattes griffues disposent de ligaments qui se bloquent dans leur gaine sous la traction du poids de l'animal et leur permet ainsi de rester suspendues la tête en bas sans effort. Certaines seulement ont une queue, mais toutes ont un appareil auditif extrêmement bien développé et adapté à la perception des ultrasons.

    ÉCHOLOCATION :
    Plutôt qu'une mauvaise vulgarisation sur les capacités des chauves-souris à emmettre et à recevoir les ultrasons pour se diriger et chasser, il serait plus intéressant de lire l'article publié dans "Pour la Science"en 2002 dans le dossier N°32 et consacré à ce thème. (fichier Word zipé de 900 Ko environ). Pour consulter uniquement le texte de l'article, sans les illustrations : CLIQUEZ ICI (fichier de 16 Ko uniquement).

    DOCUMENTS :
    Trois pages de SOUTERWEB pour mieux connaître quelques chauves-souris bien de chez nous :

    3.3 Vie et moeurs des chauves-souris

    Sur le globe terrestre, les chiroptères se nourrissent de façon extrêmement variée. En Europe les chauves-souris sont essentiellement insectivores. Une chauve-souris insectivore, peut avaler en une nuit jusqu'à un tiers de son propre poids en insectes divers : soit pour une noctule commune, par exemple, 10 g ou 1000 insectes par nuit. Voilà un moyen extrêmement efficace et non polluant pour se débarrasser de toutes les petites bébêtes que nous détestons tant, à commencer par les moustiques ! Ailleurs de par le monde, on peut rencontrer des chauves-souris qui se nourrissent de fruits, de pollen ou de nectar floral, de petits batraciens , de poissons et même de sang (avec les fameux vampires). Si certains chiroptères sont nuisibles dans quelques régions du monde (vampires qui blessent le bétail en Amérique du Sud ou chauves-souris frugivores d'Asie qui abîment les vergers), toutes les chauves-souris Européennes sont non seulement inoffensives mais également écologiquement très utiles.


    JAN.
    FEV.
    MAR.
    AVR.
    MAI
    JUIN
    JUIL.
    AOÛT
    SEP.
    OCT.
    NOV.
    DEC.
    Calendrier type pour une chauve-souris insectivore européenne.


Dans le calendrier ci-dessus, les périodes rouges sont celles qui sont les plus sensibles pour les chiroptères et au cours desquelles il est vital de ne les déranger sous aucun prétexte. Si une cavité contient des chauves-souris en quantité non négligeable en été ou en hiver, il faut éviter absolument ces deux saisons et essayer de n'effectuer d'exploration qu'en automne ou au début du printemps, après les premiers beaux jours et le réveil des animaux. Même alors, des précautions simples comme celles qui sont citées au 3.5 ne seront pas superflues.

HIBERNATION :
Avec la baisse de la température extérieure, les insectes disparaissent. Les chauves-souris insectivores doivent survivre pendant de longs mois sans nourriture en saison hivernale : c'est la raison de leur hibernation. Elles choisiront pour cela des zones propices au repos, donc calmes et à la température relativement stable. Ces zones sont variables selon les espèces : pour ce qui nous concerne, nous spéléos, il faut noter que de nombreuses grottes peuvent abriter des colonies ou des individus isolés en hibernation des mois de novembre à mars. Les chiroptères vont vivre au ralenti, leurs battements de coeur vont diminuer ainsi que leur rythme respiratoire. Elles vont rester ainsi immoblies ne se réveillant que très sommairement pour boire et elles consommeront les réserves de garisses accumulées au cours de l'été. Tout réveil intempesti dans cette période peut donc leur être fatal : elles eront exposées au froid extérieur, dépenseront inutilement leurs réserves et pouront mourir d'épuisement !

DÉPLACEMENTS et MIGRATION :

Chez les chiroptères, il existe deux types de déplacements :
* les déplacements journaliers ou saisonniers sur leur domaine (parfois vaste de plusieurs dizaines ou centaines de kilomètres) liés à la recherche de nourriture ou à leur cycle de vie.
* les véritables migrations annuelles attestées chez certaines espèces et liées au fait que les aires de reproduction sont souvent très éloignées des lieux d'hivernage (parfois plus de 1000 km). Des chauves-souris comme les Pipistrelles de Nathusius ou la Sérotine bicolore viennent passer l'hiver dans le sud et l'ouest de l'Europe alors qu'elles vivent de préférence dans le nord de l'Europe en été. Ailleurs dans le monde on connaît des cas de migrations plus spectaculaires encore, comme celui de Lasiurus cinereus qui migre du Canada vers le Mexique sur plusieurs milliers de kilomètres.

ACCOUPLEMENT, GESTATION et REPRODUCTION :
Les chauves-souris de nos contrées ont un mode de reproduction assez particulier pour des mammifères : les testicules des mâles restent à l'intérieur du corps et ne sortent qu'en période d'accouplement. C'est donc à ce moment là qu'il est le plus facile de différencier les mâles des femelles. Celles-ci ont une seule paire de mamelles et mettent bas, généralement d'un seul petit, après environ 2 mois de gestation (cette période peut aller jusqu'à 7 mois chez certaines espèces de chauves-suris tropicales). Autre fait remarquable, chez les chauves-souris des zones tempérées, l'accouplement a lieu au printemps et la fécondation en automne. Pendant tout l'hiver le sperme du mâle reste à l'abri dans le corps de la femelle où il garde son pouvoir fécondant.

3.4 Habitat


Les chauves-souris peuvent se rencontrer sur presque toute la Terre : elles y ont des habitats variés. Il existe des chauves-souris arboricoles ou forestières qui vivent essentiellement dans les frondaisons ou dans les troncs d'arbres creux. D'autres préfèrent les abris que leur apportent les constructions humaines : toitures et charpentes, ponts, caves, clochers etc. Certaines ont une préférence pour le domaine souterrain : galeries de mines, grottes et avens, où elles trouvent des conditions optimales de température et d'humidité pour leur hibernation ou leur reproduction. Chaque espèce a ses préférences et en Europe on rencontre des chauves-souris des trois catégories sus-citées. Les Rhinolophes ou les Minioptères hibernent et se reproduisent dans les cavités, les Murins se partagent entre cavernes et bâtiments alors que les Noctules, les Sérotines et les Pipistrelles choisiront de préférence les arbres creux.

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