* O et P *

O : initiale
  Sous le vocable de O2 il s'agit d'un gaz inodore, incolore et sans saveur, qui est malheureusement souvent trop peu présent dans les cavités des Causses et garrigues du sud de la France. Voir aussi GAZ (1).
 « C'est O2 ou CO2 ? »

OPPOSITION : n f
  Position permettant de se déplacer tout en décousant l'entre-jambes de la combinaison. Elle sert aussi aux spéléos ayant de longues pattes à progresser élégamment dans certaines galeries en trou de serrure et, accessoirement, aux autres de prendre un bain dans l'actif par excès d'optimisme.
 « En oppo, en oppo, je voudrais bien t'y voir... Je fais pas deux mètres de long moi !»

PAILLE : n f
  Étui de longueur variable mais de diamètre constant dont les derniers instants, si brefs soient-ils, sont d'une éclatante réussite qui n'a rien de discret.
 « Toi, tes pailles, tu les allumes avec quoi ?»

PANTIN : n m
  Pour les uns, ce bloqueur c'est le pied. Pour les autres c'est un engin de feignasses. Et pour ceux qui ne sont pas encore bien latéralisés la plus grosse énigme est de savoir s'il faut le mettre du côté droit ou du côté gauche.
 « Je te signale que ça fait deux bonnes heures que tu marches sur le sentier avec ton pantin.»

PREMIÈRE : n f
  Bien que n'existant concrètement que pendant quelques instants très brefs, ce concept a été le moteur de toute l'exploration spéléologique des deux derniers siècles. Avant de la découvrir, la première est partout mais tout le monde l'ignore : autant dire qu'elle n'existe pas. Après sa découverte la première n'est qu'un bon souvenir : autant dire qu'elle n'existe plus. C'est incroyable tout le barouf qu'on peut faire autour de quelque chose d'aussi éphémère.
   « Aujourd'hui on a fait au moins ... 3 mètres de première.»

POIGNÉE : n f
  Surnom donné au bloqueur de poing, anciennement dénommé « Jümar » (voir ce mot) qui avait d'ailleurs déjà lui aussi une forme de poignée. Le « Jümar » est donc la poignée d'hier, à ne pas confondre avec la poignée de mains.
 « Merde, j'ai remonté tout le P100 sans avoir longé la poignée !»

PORTE : n f
 L'évidence énonce qu'elle doit être ouverte ou fermée. En spéléo on n'en parle que si elle est arrachée, dégondée, forcée, dynamitée, pulvérisée, cassée, enfoncée... Quant à celle qui résiste longtemps il y a fort à parier que sa clef s'est reproduite comme le mulot au printemps. Cet état de fait n'attriste généralement pas le spéléo moyen qui considère qu'il n'y a rien de moins aimable qu'une porte de prison minérale. Doit-on l'en blâmer ?
   « - Paraît que la porte du nouveau réseau de l'Aven Noir a encore pété !
    - Non ????? »

PRESQUE : adv
 La plupart du temps associé à la locution «on y est». Ils forment une expression fort courante dans les réunions de club où l'on échafaude des plans sur la cavité qui ne manquera pas de s'offrir à tous lorsqu'enfin, les 306 732 séances de désobstruction précédentes aboutiront à un résultat tangible. Ce vocable est si célèbre qu'il a même des grottes qui portent son nom : « Les grottes de Presque », imaginez un peu le temps qu'il a dû falloir pour les désobstruer celles-là !
   « Cette fois, ça y est, on y est presque...»

PROPRIÉTAIRE : n m
  Rêve d'une certaine société Sarko-macroniste arrivée au pouvoir en France aux débuts du XXIeme siècle pour des raisons que les historiens trouvent encore aussi obscures que La Verna par une nuit sans Lune. Cauchemar du spéléo qui dans ses transes nocturnes agitées se voit poursuivi par le-dit propriétaire armé d'une fourche ou d'un fusil de chasse et bien décidé à l'embrocher ou à le transformer, sans autre forme de procès, en passoire. Souvent appelé « proprio » par opposition à « prolo », les débats scientifiques sont encore très ouverts sur ce que recouvre réellement ce terme, tant son image est brouillée par des connotations marxistes ou ultra-libérales.
   « Je connais bien le proprio, il est vachement sympa : c'est un ancien spéléo.»

PUGER : v
 Opération qui consiste à éviter les chutes de pierres à ses coéquipiers en recevant soi-même des tas de caillasses plus ou moins lourdes et tranchantes sur le coin du casque et sur les doigts, grâce à une barre à mine ou tout autre objet aussi stupidement dangereux.
   « Voilà, c'est purgé. BOUM ! Aïe ! Merde, non...»