Par comparaison avec la "classe verte"
ou la "classe rousse" que connaissent bien les enseignants,
voici la "classe noire" : espèce rare est peut-être en voie
de disparition. Il s'agit, sous une forme ou une autre, de faire découvrir
aux enfants le monde souterrain en dehors des grottes touristiques
aménagées pour le public.
L'auteur de ces lignes a pu suivre des élèves de
CM sur 3 "classes noires" de structures sensiblement différentes
: une classe de découverte mixte escalade / spéléo de 3 jours consécutifs
avec hébergement, une classe de découverte spéléo pure de 5 jours
avec hébergement et enfin une approche progressive de la spéléo sans
hébergement (1 jour en spéléo, 1 jour à l'école) sur une période de
2 semaines (cf projet pédagogique ci-dessous).
Il a pu comparer les avantages et les inconvénients de chacune de
ses formules et a apprécié énormément les bénéfices pédagogiques de
ses activités : confiance en soi accrue, prise de conscience du groupe
et entraide, crainte des chauve-souris évanouie, respect accru de
l'environnement, connaissances du milieu approfondie etc.
Depuis ces expériences, hélas, de nouveaux
textes officiels ont été écrits et portent sur l'encadrement des sorties
et classes de découvertes ainsi que sur les activités que l'on peut
y pratiquer. Un grand "tour de vis" sécuritaire semble avoir
été donné et compromet ce genre d'expériences pédagogiques : d'après
ce texte il n'est plus possible de faire de cavité verticale avec
des élèves de classe élémentaire (voir classement
ci-dessous) : que va donc devenir tout le matériel (cordes, amarrages,
baudriers) acheté à grands frais ces dernières années par les CVL
?. De plus, les prix ont flambé car l'encadrement doit être de plus
en plus spécialisé et professionnel. L'auteur de ces lignes ne peut
que regretter qu'un accident ayant eu lieu suite à des lâchers d'eau
intempestifs dans un canyon (où les enfants allaient d'ailleurs simplement
se promener pour découvrir le biotope d'un ruisseau) ait contribué
à limiter des pratiques dans lesquelles aucun incident ne s'était
jamais produit. Quelle joie d'avoir pu faire partager à mes
élèves de vraies sensations spéléologiques
avant que tombe le couperet de tous ces textes restrictifs !
La tendance "à l'américaine" de la recherche
permanente d'un justiciable et du refus de l'imprévisible, alliée
à la conduite irresponsable de certains professionnels peu regardants
sur la sécurité, risque à terme d'étouffer dans l'uf toute tentative
d'innovation et d'inspiration pédagogique. Il nous faudra nous battre
pour éviter cela ou se résigner à sombrer dans une pratique
monotone conformiste et inefficace.
Il est aberrant qu'il soit toujours possible d'accrocher
des enfants à des parois de 10 mètres dans le cadre d'une activité
d'escalade, alors que tout ressaut vertical, si minime soit-il, est
interdit sous terre. Revendiquons l'ouverture de certaines cavités
de type III pour les scolaires des classes élémentaires encadrés par
leur enseignant et des moniteurs diplômés !!!
Vous pouvez vous inspirer du texte ci-dessus pour
envoyer un courrier de réclamation au ministère de l'Education Nationale.
Pour cela cliquez ICI
!
Voici le compte rendu écrit par
des élèves dune classe de CM qui effectuèrent une découverte du
monde souterrain avec leur instituteur dans le sud de la France il y
a quelques années. Cette classe de découverte s'était déroulée sur 3
jours consécutifs avec hébergement. Au programme : descente en rappel
d'un viaduc, escalade sur rocher facile en moulinette, grotte horizontale
avec marche d'approche de 1.5 km environ et enfin petit aven de 18 m
suivi d'une progression de 500 m environ. Il faut noter qu'à l'époque
n'existait aucune classification des cavités et aucune limitation quant
à leur découverte par des enfants d'âge élémentaire.
Voici un extrait du journal scolaire
écrit par des élèves dune classe de CM qui effectuèrent une
"classe noire" de 5 jours dans le Lot avec leur instituteur.
Plusieurs cavités étaient au programme, précédées par un entraînement
technique en extérieur. Le clou de la semaine était une descente dans
un aven techniquement complet (puits, galerie, laminoir et vire) avec
bivouac et repas pris sous terre. Même remarque que ci-dessus pour
les contraintes réglementaires. Il semblerait que ce type de sorties
spéléo soit dorénavant impossible et je le regrette fort car elles
ne présentaient aucun caractère dangereux (équipement en double très
sûr, encadrement compétent et nombreux etc.).
4.Les textes en vigueur au
30/09/1999
Les premiers textes publiés par le ministère au cours
de l'année scolaire 98 / 99 étaient si contraignants que toute sortie
hors de l'enceinte scolaire était devenue impossible aux enseignants
sous peine de prendre des risques judiciaires inacceptables. Depuis
des négociations ont eu lieu et de nouveaux texte ont vu le jour.
Voici ce qu'ils contiennent et qui ont un rapport avec la spéléologie,
l'escalade et le canyoning.
La spéléologie est désormais classée dans les activités
physiques dites "à encadrement renforcé" (avec l'escalade
et le ski). Sont dorénavant interdit pour les élèves de l'école élémentaire
: le rafting, la nage en eau vive et la descente de canyon. Pour ce
qui concerne la spéléologie seules sont autorisées les cavités de
niveau I et II (voir ci-dessous).
Voici l'encadrement nécessaire :
École
élémentaire |
Jusqu'à 24 élèves : le maître plus
un intervenant qualifié ou bénévole agréé ou un autre enseignant. |
Au-delà de 24 élèves, un accompagnateur
(idem ci-dessus) de plus par tranche de 12 élèves. |
Diplôme nécessaire à l'agrément
: BEESAPT obtenu ou stagiaire
(spécialisation montagne ou spéléologie conseillée)
|
École maternelle
|
Jusqu'à 12 élèves : le maître de
la classe plus un intervenant qualifié ou bénévole agréé ou
un autre enseignant. |
Au-delà de 12 élèves, un accompagnateur
(idem ci-dessus) de plus par tranche de 6 élèves. |
Diplôme nécessaire à l'agrément
: BEESAPT obtenu ou stagiaire
(spécialisation montagne ou spéléologie conseillée)
|
NB : lire éventuellement le B.O.
hors série N°7 du 23/09/1999
sur les sorties scolaires.
-
En raison de l'extrême diversité des cavités
et dans un souci de simplification, la Fédération Française de Spéléologie
propose une classification en quatre groupes :
AUTORISÉ
Classe 1 : cavité aménagée pour le tourisme.
Classe 2 : cavité ou portion de cavité du type "grotte
horizontale" pouvant présenter quelques passages étroits, et
ne nécessitant aucun matériel autre qu'un casque muni d'un éclairage
efficace.
INTERDIT ou AUTORISÉ
APRÈS CONVENTION (Classe 3)
Classe 3 : cavité ou portion de cavité dont
le total des verticales n'excède pas quelques dizaines de mètres,
en plusieurs puits distincts de préférence. En cas de présence d'eau,
celle-ci doit être calme et peu profonde et ne pas présenter a priori
de risques de crue dangereuse.
Classe 4 : autres cavités.
-
COMPÉTENCES SOUHAITÉES POUR L'ENCADREMENT
:
Classe 1 : aucune qualification particulière.
Classes 2, 3, 4 : il est indispensable que l'encadrement dispose des
compétences, au niveau physique et technique en rapport avec les difficultés
pouvant être rencontrées. Il est souhaitable qu'un membre au moins
de l'encadrement soit titulaire d'un diplôme délivré par la Fédération
Française de Spéléologie.
5.Évolution
depuis 1999 : le texte de 2002
Pour terminer parlons de l’avenir.
Il serait souhaitable qu’un partenariat entre l’EN
et la FFS permette d’obtenir pour chaque région karstique,
une liste de cavités agréées pour la pratique
en milieu scolaire en dehors d’une classification trop rigide. Il
faudrait que ces cavités soient variées d’un point de
vue morphologique et comprennent quelques-unes des difficultés
de progression que l’on rencontre sous terre (ressaut ou petit puits,
étroiture facile). De plus, si les conventions se développent
déjà, et c’est tant mieux, on manque encore d’unité
d’une région à l’autre : le même projet pouvait
encore récemment être accepté par un IA et refusé
par un autre, idem pour les IDEN.
Enfin il semblait logique que les diplômes
délivrés par la FFS soient reconnus, au même titre
que les autres, pour l’encadrement des classes : une avancée
en ce sens a eu lieu en 2003 (voir le BO N°30 du 24 juillet).
Une réécriture de la description des cavités
en 5 catégories est plus souple. Il
semblerait donc qu'un gros progrès soit en cours,
l'avenir nous le dira.
Jeunesse : CENTRES DE VACANCES ET DE LOISIRS
Encadrement, organisation et pratique de certaines activités
physiques dans les centres de vacances et les centres de loisirs sans
hébergement
NOR :MENJ0301377A RLR : 961-0 ARRÊTÉ DU 20-6-2003 JO
DU 4-7-2003 MEN DJEPVA
Annexe XIII : SPÉLÉOLOGIE
I - Conditions d’organisation et de pratique
Le déroulement de l’activité est
subordonné à la reconnaissance préalable de la
cavité et à la consultation préalable de son
hydrologie ainsi que des prévisions météorologiques.
La liste des participants, les références de la cavité,
l’itinéraire choisi, ainsi que l’horaire précis de départ
sont communiqués au centre de vacances ou au centre de loisirs
avant la sortie.
Les pratiquants sont munis d’un casque avec jugulaire et éclairage.
Le matériel de secours est adapté au type de cavité
et comprend deux ensembles de poulie-bloqueur, des couvertures de
survie, ainsi que des cordes supplémentaires.
Les conditions d’encadrement des activités de spéléologie
tiennent compte du classement suivant de la cavité visitée,
établi par la Fédération française de
spéléologie, titulaire de la délégation
mentionnée au I de l’article 17 de la loi n° 84-610 du
16 juillet 1984 modifiée relative à l’organisation et
à la promotion des activités physiques et sportives
:
Classe O : cavités aménagées
pour le tourisme
Classe I : cavités ou portions de cavités
ne nécessitant pas de matériel autre qu’un casque avec
éclairage
Classe II : cavités ou portions de cavités
d’initiation ou de découverte permettant une approche des différents
aspects du milieu souterrain et techniques de la spéléologie.
Les obstacles y sont ponctuels. Leur franchissement nécessitant
éventuellement du matériel est adapté aux possibilités
du débutant. La présence d’eau ne doit pas empêcher
la progression du groupe.
Classe III : cavités ou portions de cavités
permettant de se perfectionner dans la connaissance du milieu et dans
les techniques de progression. Les obstacles peuvent s’enchaîner.
L’ensemble des verticales ne doit pas excéder quelques dizaines
de mètres, de préférence en plusieurs tronçons.
La présence d’eau ne doit pas entraver la progression du groupe,
ni entraîner une modification de l’équipement des verticales
Classe IV : toutes les autres cavités
II - Encadrement
La visite des cavités aménagées
pour le tourisme (cavités de classe 0) peut être assurée
par l’encadrement habituel du centre de vacances ou de loisirs.
La visite des autres cavités est encadrée par des personnes
titulaires :
- du brevet d’État d’éducateur sportif (BEES) option
spéléologie,
- du brevet d’aptitude professionnelle d’assistant technicien de la
jeunesse et des sports (BAPAAT) avec le support technique spéléologie,
dans la limite de ses prérogatives,
- ou du diplôme d’initiateur ou du diplôme de moniteur
délivrés par la Fédération française
de spéléologie, titulaire de la délégation
mentionnée au I de l’article 17 de la loi n° 84-610 du
16 juillet 1984 modifiée relative à l’organisation et
à la promotion des activités physiques et sportives,
et dans la limite de leurs prérogatives.
L’encadrement du groupe est assuré par deux adultes au moins.
Le nombre de mineurs par encadrant tient compte de la difficulté
du parcours.
6.Documents pour l'enseignant
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