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Débuter
en spéléo : prévention et secours |
MAIS QUI EST DONC BIDON FUTÉ ? : C'est un drôle de bidon spéléo étanche et plutôt beau parleur qui, sous terre, en a vu des vertes et des pas mûres et à qui il ne faut pas la faire, non mais des fois...
Nous avons donc essayé de compiler ici 26 conseils pratiques de "Bidon Futé" classés par ordre alphabétique (ou presque). Puissent-ils vous être d'une quelconque utilité. La rédaction de SOUTERWEB |
Parfois l'atmosphère des cavités n'est pas
digne de la brise des alpages. On y trouve du CO2,
en quantité variable suivant les régions et les saisons.
Dès que vous vous sentez essoufflé sans raison valable,
vous y êtes : l'hyperventilation en est le
signe précurseur. Si en plus la gorge vous pique et que vos
yeux vous brûlent c'est que le taux de CO2 est important. Très
vite vous aurez mal à la tête, alors avant que
ça s'agrave : SORTEZ ! La suite n'est pas très amusante à essayer : nausées et perte de connaissance. À 3% de CO2 dans l'air inspiré vous êtes en danger de mort !!! Le vrai souci ce sont les grands puits. Dans une longue verticale non fractionnée on ne se fatigue pas beaucoup et on descend assez vite. Du coup les premiers signes d'essoufflement peuvent apparaître trop bas (le CO2 étant plus lourd que l'air, il stagne vers le fond). Et le pire c'est que remonter un puits demande des efforts qui sont gros consommateurs d'oxygène : donc c'est la double peine ! En cas de doute, descendez lentement, faites une pause sur clé de descendeur et effectuez quelques mouvements pour tester un éventuel début d'essoufflement et d'hyperventilation. Si le test est positif, passez sur les bloqueurs et remontez en vous économisant : rien ne sert de courir, il faut arriver en haut conscient car une perte de connaissance sur corde peut être tragique. |
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Bouffe |
Non, je ne vous raconterai
pas les bonnes bouffes au bord des trous, le chili con carne au Coteaux
du Languedoc ou les grillades de costelons plan rabinats mais
du petit en-cas à emporter sous terre. Il
n'est pas inutile de trimbaler sur soi (dans le kit, le mini-kit de
ceinture, le fond du casque...) quelques bricoles à grignoter
en cas de fringale. Un coup d'hypoglycémie ou une grosse fatigue
ce n'est pas grave en général, mais sous terre ça
peut vous causer bien des emmerdements. Donc, tout en prenant un peu de repos assis, voire allongé pour éviter de tomber, il ne sera pas inutile de boire un petit coup d'eau en croquant un ou deux sucres (pour les cas d'hypo sévère) et quelques fruits secs ou une barre de céréales dopée aux noix ou au fruits. Attendez un moment (il faut au minimum 15 minutes pour assimiler le sucre) et ça devrait passer. La meilleure solution étant bien sûr d'éviter le coup de pompe en dosant ses efforts et en grignotant un petit truc de temps en temps. Mais évidemment il faut avoir pensé à emporter quelques denrées riches en énergie, pas trop fragiles ni périssables ! Et évitez les bonbons sans sucre, ça n'a pas grande utilité (histoire vécue)... |
Chauve-souris |
Contrairement à ce que quelques mauvaises langues pourraient dire, le spéléologue sérieux n'est pas l'ennemi des chiroptères. La chauve-souris détruit les insectes nuisibles : elle est donc notre alliée à tous, à moins que vous n'aimiez vous faire dévorer par les moustiques... Par contre il nous faut apprendre à cohabiter et à respecter leur tranquillité quand c'est nécessaire. Voici donc quelques règles simples :
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Décibels |
Hein ? Quoi ? Qu'est-ce que tu dis ? Tu serais
pas un peu dur de la feuille des fois ? Et oui, la spéléo
d'exploration, parfois ça rend sourd... Si vous êtes
un utilisateur régulier des perforateurs
électropneumatiques ou des casseurs de cailloux invétérés,
sachez que votre niveau d'audition risque à
la longue d'en souffrir. Et l'audition perdue, c'est comme la première
: une fois partie on ne la retrouve plus. Pensez donc aux petits bouchons
de mousse ou au casque antibruit ! |
Enduction |
Vous connaissez tous la blague " (...) pourvu que le caoutchouc
tienne ! ". En spéléo c'est un peu pareil.
On est toujours en train d'essayer de faire tenir le plus longtemps
possible des vêtements, des kits, des chaussures, parce qu'ils
sont chers, mais on les maltraite comme pas possible ! |
Fixe |
Certains diront qu'équiper en fixe un
aven c'est permettre l'accès des cavités verticales
à n'importe qui et donc les dégrader à terme.
C'est certainement très exagéré, n'importe qui
ne se suspend pas dans le vide sur une nouille de 9 ou 10 mm pour
s'enfoncer dans l'obscurité. Ceux qui font ça s'appellent
des spéléos. Les broches sont certes
moins discrètes que les spits et plus difficiles à faire
disparaître, mais ce n'est pas leur but. Équiper en fixe
c'est pérenniser une voie d'accès alors que les spits
rouillés doivent être changés assez souvent ce
qui finit à la longue par causer plus de dégâts
à la roche. Il s'agit donc d'un objectif à long
terme pour des grandes classiques relativement fréquentées. Il en découle qu'il ne faut pas se rater : un équipement fixe ne doit pas être médiocre car il le serait pour très longtemps... Donc si vous n'êtes pas champion de la catégorie ou en cas de doute, plutôt que de bâcler, abstenez-vous de placer des broches ! |
Gants |
Un conseil crétin :
en spéléo vous aimez les gants alors mettez-en,
ils vous gênent alors n'en mettez pas ! Pas moyen de
se mettre d'accord sur les gants qu'ils soient bleus, jaunes, longs,
courts, en caoutchouc ou en tissu enduit, gants complets ou avec doigts
évidés voire pas de gants du tout. C'est vraiment une
question de goût, de cavité, de température, d'humidité.
En cavité froide les gants sont quand même un sacré
plus, parfois même doublés de sous-gants. Quant à
la manipulation des agrès avec les gants elle est évidemment
moins facile qu'à mains nues. À vous de voir... |
H2O |
En spéléo "Bois sans
soif" n'est pas une insulte mais un conseil de sécurité.
Comme dans la plupart des sports d'ailleurs, il est fortement recommandé
de s'hydrater régulièrement avant même que la
soif ne se fasse sentir. Alors qu'y a-t-il de particulier en spéléo
? Sous terre dans nos régions tempérées, le taux d'humidité de l'air des cavités du sous-sol est extrêmement élevé et la température ambiante assez fraîche (de l'ordre de 8 à 14°C). Du coup la sensation de coup de chaud, comme on peut en avoir au cours d'un match de sport collectif en extérieur ou en salle, est souvent inexistante. De plus, on transpire énormément en éliminant mal cette transpiration qui ne s'évapore que très lentement à cause de la combinaison. Au final on est au frais, il fait humide et on est mouillé : du coup on ne ressent pas l'envie de boire et on risque la déshydratation plus encore qu'au cours d'autres activités sportives. Et puis l'eau est lourde dans les kits, on aurait donc tendance à ne pas en transporter pour s'alléger. La bonne idée c'est prenez de l'eau et buvez-la, d'ailleurs plus on en boit moins elle pèse ! |
Inondation |
Il pleut il mouille
c'est la fête à la grenouille, mais pas aux spéléos
! On l'aime bien l'eau de pluie : après tout c'est elle qui
sculpte nos cavités, qui cascade joliment quand on arrive à
l'actif et qui forme de superbes siphons couleur turquoise. Oui, mais
point trop n'en faut... Premier conseil de base : consultez la météo avant de partir sous terre surtout si la cavité que vous allez explorer est sensible aux crues. Pour le savoir renseignez-vous auprès de vos camarades de club, ou des clubs régionaux si vous n'êtes pas sur vos terres. Prenez les avis des spéléos qui connaissent le coin, assurez-vous d'avoir sur vous de quoi tenir en cas de verrouillage malheureux (de quoi avoir moins froid, de quoi grignoter), repérez d'éventuelles traces de crues (mousse, débris végétaux perchés) et surtout en cas de gros doute abstenez-vous et allez faire autre chose : étalonnez votre Disto, bricolez une nouvelle lampe, dessinez une topo, écrivez un article pour une revue de spéléo, entretenez votre équipement, allez faire le tour des exsurgences en crue, préparez des fluocapteurs... Ça vous évitera peut-être une aventure très désagréable et une intervention du Spéléo Secours. |
Jugulaire |
Fut un temps où il était inconcevable de mettre
son casque sans attacher la jugulaire. En effet avec le tuyau de
l'acéto qui pendouillait et qui s'accrochait partout on aurait
perdu le casque toutes les 5 minutes. Avec l'avènement des
éclairages
électriques à LEDs, sans fils et l'adjonction
de casque légers à coiffe réglable on pourrait
presque se balader avec le casque simplement posé sur le
crâne. |
Kit |
Les kits en vente ce n'est
pas ce qui manque, je ne vais pas jouer au représentant de
commerce. On parlera simplement de ce qu'on met à l'intérieur.
Évidemment vous pouvez vous amuser à y transporter ce
que bon vous semble, c'est fait pour ça; l'idée serait
plutôt de lister ce qu'il faudrait toujours avoir sur
soi. Alors on a déjà vu : de quoi boire dans un récipient costaud déformable (les bouteilles de boissons gazeuses sont idéales, il suffit de ne pas trop les remplir) et de quoi grignoter (du solide, énergétique et compact). Un nécessaire à avoir sur soi (mini-kit de ceinture) avec, entre autres, ce qu'on mettait à l'époque entre la coiffe et la coque du casque (zone maintenant souvent remplie de polystyrène) : une cordelette de Dyneema, un petit couteau, un crayon, une feuille de papier, des allumettes tempête, une bougie, une couverture de survie épaisse, deux ou trois pinces à linge. Et dans un des kits du groupe une trousse de premiers secours pour les petits bobos (voir des conseils sur cette page). |
Longes |
La
plupart des spéléos ont deux longes mais certains
en ont trois. La plupart des longes sont attachées directement
au MAVC mais certains les relient par l'intermédiaire d'un
absorbeur d'énergie en métal. Tout un tas de modèles
de mousquetons différents terminent ces longes. Mais alors,
au vu des nombreuses variantes entre les
longes des spéléos, quels sont donc les points communs
à respecter au minimum ? D'abord les longes doivent absorber, le cas échéant, un choc suite à une rupture d'amarrage. Elles ne sont donc pas en corde statique, ni en sangle (même cousue). La corde dynamique doit avoir un diamètre de 9 ou de 10mm. Les longes vous relient aux agrès, elles doivent donc être renouvelées régulièrement avant usure apparente et confectionnées avec des noeuds classiques que vous maîtrisez : les plus utilisés sont le noeud de 8 et le noeud de pêcheur. Si vous ne savez pas faire : faites-vous aider ! |
Mousqueton |
Petit conseil rapide : un mousqueton
en alu c'est bien pour les cordes mais sur une main courante faite
de câble d'acier il vaut mieux un mousqueton
en acier. Sinon le câble va bouffer l'alu du mousqueton
et il sera fichu en un rien de temps. That's all folks ! Pour la suite voir Zicral à la lettre "Z". |
Noeud |
Les spéléos aiment faire de
jolis nœuds. Ils adorent aussi en causer et parfois même
en inventer ! Mais là comme dans bien d'autres domaines, ce
n'est pas la quantité qui compte, c'est la qualité.
Un bon nœud doit être à la fois résistant
et facile à défaire mais les spéléos disent
parfois que le meilleur des nœuds est celui qu'on connaît
suffisamment bien pour le réussir les yeux fermés ou
les mains derrière le dos. Une fois les principaux nœuds spéléos appris, c'est par la pratique que vous sélectionnerez vos préférés. Au bout du compte on s'aperçoit que 3 nœuds suffisent souvent à notre bonheur : le nœud 8, le nœud de chaise, un nœud en Y (voir plus bas à la lettre Y). Ajoutez-y le nœud de pêcheur (pour le bout de la corde) et un nœud de vire et vous pourrez vous sentir à l'aise à peu près partout. Quoi qu'il en soit, n'utilisez jamais un nœud dont vous n'êtes pas sûr et tenez-vous-en à l'adage : « Quand on sait pas, on fait pas. » ! |
Orientation |
Une des craintes classiques
des béotiens c'est de s'égarer sous terre pour ne plus
pouvoir en ressortir. Ça rejoint le mythe du Minotaure mais
c'est excessivement rare. Dans de nombreuses cavités le circuit
est assez évident (traces de cheminement, cordes, passages
obligés...) et dans les plus complexes, moins fréquentées
et dont on ne possède pas de topographie,
il suffit souvent de regarder derrière soi régulièrement
à chaque intersection pour bien mémoriser l'aspect que
ça aura au retour. En effet l'éclairage artificiel crée
des ombres portées qui donnent un aspect particulier à
une zone, aspect qui sera notablement différent quand vous
reviendrez. Vous pouvez aussi bâtir, autant que faire se peut,
de petits cairns discrets à l'aller que vous
démonterez au retour pour ne pas "polluer" visuellement
la cavité et surtout pour ne pas créer de confusion
pour les suivants car il peut exister plus d'un itinéraire
pour aller d'un point A à un point B. Par contre, évitez
de flécher les parois : on n'est pas dans le métro
! Et si vous avez une boussole sur vous, connaître
la direction principale d'une galerie peut être utile. Mais le pire n'est pas toujours où l'on croit. Des tas de spéléos se sont perdus à la sortie du trou et ne s'en vantent pas trop... Si l'explo a duré plus que prévu et que vous sortez de nuit d'une cavité alors que vous aviez déjà eu du mal à la trouver quand il faisait plein jour, aïe aïe aïe ! Dans ce cas, une bonne carte, une pratique de la randonnée et une boussole ne seront pas de trop. La patience et le téléphone aussi d'ailleurs : le soleil finit toujours par se lever, heureusement... |
Purge
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En prendre une avant d'aller sous terre ne serait
pas une bonne idée (voir ci-dessous au mot "WC").
Ce n'est pas vous que vous devez purger, c'est la cavité
! Il s'agit d'un réflexe à avoir dans les puits
et dans les zones où le "plafond" est à portée
de mains. Il s'agit simplement de lever la tête (vers la voûte)
ou de baisser les yeux (vers la paroi du puits) tout en se demandant
ce qui
pourrait vous tomber sur le coin du casque si d'aventure... Ensuite trois possibilités. La plus courante : tout est propre et semble solide, donc RAS. Autre cas : un bloc paraît très instable et risquerait de tomber. Là c'est plus délicat car il va vous falloir faire un choix : soit le laisser en place en faisant simplement preuve de prudence en passant dessous ou à côté, soit le purger avec précaution pour éviter qu'il ne tombe sur quelqu'un. Le choix est complexe et dépend à la fois de sa taille, de sa position, du contexte, de votre outillage, de votre expérience en la matière... Le problème c'est qu'un mauvais choix pourrait être dramatique. Dans un puits large, sans personne en dessous et en prenant la précaution de récupérer la corde pour qu'elle ne soit pas tonchée, faire tomber un petit bloc en équilibre sur la paroi évitera peut-être des blessures graves à ceux qui viendront après vous. Dans une trémie de gros blocs ou dans une galerie basse qui a été élargie ou désobstruée, la bonne décision sera bien plus difficile à prendre. Toucher ou pas toucher ? Dans les mines la consigne est simple : il faut purger à la pince (longue tige de métal) tout ce qui risque de tomber sur le mineur. Pour le spéléo le choix est parfois cornélien... En tout cas il est évident qu'il ne faudra jamais toucher à un édifice qui pourrait s'effondrer si des spéléos risquent de se retrouver bloqués derrière ou sont encore à portée de pierre. Pour le reste, votre bon sens et celui de vos équipiers sera seul juge, quitte à renoncer si la chose a un sale air de piège. Informer la communauté du danger potentiel sera alors un devoir incontournable. |
éQuipement |
Avant d'aller sous terre c'est
le passage obligé au matos pour faire le plein de tout le nécessaire.
En général c'est plutôt un plaisir car c'est déjà
de la spéléo : vérifier le baudrier, brasser
la bonne longueur de nouille, compter les amarrages, les sangles,
enkiter le tout... Dans cette étape préliminaire la
fiche d'équipement de la cavité est bien pratique
: ça permet de ne pas trimballer des tonnes de choses inutiles
et ça évite parfois aussi quelques passages de nœuds
pour cause de corde trop courte. Mais attention méfiance, certaines fiches d'équipement publiées dans des inventaires papier ou des comptes-rendus d'activités de club sont complètement obsolètes. En effet un document papier n'est que rarement mis à jour alors que l'équipement d'une cavité évolue. Seul un système participatif en ligne où chaque spéléo pourrait faire évoluer la fiche d'équipement en temps réel permettrait d'avoir un document tout le temps à jour. Ce système existe c'est Grottocenter ! |
Ressaut |
La terminologie est toute relative, où
s'arrête un ressaut et où commence un puits
? Tout dépend de celui qui a dessiné la topo ou écrit
la fiche d'équipement. Dans une grande cavité avec une
dénivelée conséquente on pourra appeler "Ressaut
de 5" un obstacle qui sera mentionné comme un "P5"
sur la topo d'une cavité plus modeste. Aucune logique là-dedans ? Un peu tout de même : au départ on est censé appeler "Ressaut" une zone sub-verticale qui peut se désescalader sans être équipée d'une corde. Oui, mais... Comme je disais ci-dessus à l'article sur l'équipement, tout change. Un ressaut de 5 mètres qui a vu passer des centaines de paires de chaussures voit ses prises devenir tellement lisses et argileuses au fil des années qu'il devient fatalement un jour un petit puits à équiper au minimum d'une main courante. L'inverse est tout de même beaucoup moins fréquent : les petits puits verticaux sont rarement "déclassés" en ressauts... Il en découle qu'il n'est jamais superflu d'emporter un peu plus de nouille et d'amarrages que ne l'indique la fiche d'équipement (ce n'est d'ailleurs pas la seule raison, mais ça c'est une autre histoire). |
SSF |
Si par malchance, après
toutes les précautions prises pour que tout se passe bien,
il vous arrivait un ennui sous terre, il ne vous faudrait compter
que sur vous-même... C'est une boutade bien entendu !!! Même
si l'auto-secours est très important, d'autres hommes et femmes
viendront vous aider dès que l'inquiétude d'un de vos
proches aura dépassé le seuil d'alerte (voir lettre
X ci-dessous). Arrivés parfois avec les pompiers, qui sont
donc ces gens habillés en spéléo qui vont descendre
dans les entrailles de la terre avec parfois un médecin, une
civière et plus si nécessaire ? Ce sont de simples spéléos bénévoles qui font partie du Spéléo Secours Français. Par conséquent le SSF c'est nous ! Tout spéléo régulier peut en effet participer à l'organisation du secours, chacun avec ses moyens. Il suffit pour cela de se rapprocher du SSF par l'intermédiaire d'un club (ou du CDS) et participer de temps en temps à quelques formations techniques. Ces stages vous permettront d'entretenir les connaissances théoriques et pratiques nécessaires pour aller, un jour, dépanner un copain qui s'est malencontreusement cassé une jambe en glissant sur un bloc. Alors pour que vive le SSF : participez ! |
Trémie |
Satanées trémies
qui se positionnent toujours à l'endroit où on a le
moins envie de les voir. Pourquoi diable un quelconque empilement
de cailloux et de terre collé par un peu de calcite nous barrerait
le passage vers la suite de la cavité, vers la première
? Et c'est avec énergie et détermination qu'on s'y attaque
pour passer coûte que coûte ! Justement, le prix à payer ne doit pas être trop élevé : des heures passées à creuser pourquoi pas, mais rien ne mérite un accident. La trémie est le signe d'un effondrement de terrain au-dessus de vous, donc une trémie par définition est instable même si elle résiste depuis des siècles. Elle n'a pas prévu qu'un homo sapiens viendrait un jour la titiller par en-dessous : donc dès que vous l'ébranlez ou la fragilisez dites-vous bien qu'elle n'a qu'une envie c'est de vous tomber sur le coin de la figure. Un Bidon Futé ne vous donnera donc pas de conseils de désobstruction des trémies, quelques-uns de mes confrères ayant fini aplatis dessous : veux vivre vieux moi ! |
Ursus
Spelaeus |
Et au détour d'un méandre
vous tombez nez à nez avec un Ursus Spelaeus
! Que faire, fuir en hurlant ? Bof, pour ce qu'il en reste (un crâne
et quelques os longs) ce n'est peut-être pas vraiment indispensable...
Par contre vous venez de faire une découverte qui, bien que n'étant pas rarissime, a quand même un intérêt archéologique. Vous pouvez aussi découvrir un crâne humain, une gravure, des restes de céramique voire même une grotte ornée comme celle de Chauvet-Pont d'Arc. Si par hasard un jour il vous arrive pareille aventure, pensez que vous venez de mettre la main sur un morceau de patrimoine commun à l'humanité et qu'il est important que le site soit examiné par des archéologues professionnels. Après avoir bien profité (intellectuellement) de la chose sans y toucher et fait éventuellement quelques clichés souvenir, à votre retour prévenez l'antenne locale de la DRAC qui fera le nécessaire. Ce ne sont pas les trous qui manquent, vous pouvez laisser celui-ci aux préhistoriens et vous consoler avec la satisfaction d'être l'inventeur d'un important témoignage du passé. |
Vire |
Sur une vire, équipée ou pas d'une main courante,
il est plutôt souhaitable de ne pas tomber : qui dit vire,
dit vide au-dessous ! Avoir de bonnes prises de mains est une évidence
et je ne pense pas qu'on s'amuse souvent à la jouer "sans
les mains" quand il y a du gaz en bas, mais on est parfois
aussi trahi par ses pieds. Qui n'a jamais pesté après
des chaussures ou des bottes qui glissent ? |
WC |
Et tout à coup surgit
une envie pressante : ARRGGLL ! Comment gérer
cet épisode inévitable si vous restez plusieurs jours
sous terre ou si votre tube digestif vous joue des tours imprévus
? Pour un petit pipi pas de souci, mais pour soulager votre ampoule
rectale c'est une autre histoire. Si la cavité est régulièrement
active et si cet actif n'est pas capté en aval pour l'alimentation
en eau potable, la conséquence ne devrait pas être trop
sensible. À la première montée d'eau, la chasse
sera tirée et ce ne sera pas pire que si vous aviez laissé
votre "petit colis" dehors dans le vallon. Par contre si la cavité est essentiellement fossile et sèche, tout ce que vous laisserez ici y sera pour très longtemps : pas de gros insectes ni d'escargots coprophages pour s'en repaître ! Allez donc aux toilettes avant de partir car en cas d'imprévu il n'y a pas grand chose à faire si ce n'est creuser un trou quelque part dans un endroit contenant si possible un remplissage terreux, à l'écart de la zone de progression, et le reboucher convenablement ensuite. Il y a quand même pas mal de micro-organismes dans le sol qui feront leur ouvrage très lentement... Mais si vous avez prévu dès le départ de rester longtemps sous terre alors un peu d'anticipation permettra d'éviter ce désagrément. Fabriquez-vous donc des toilettes sèches portatives avec un bidon étanche rempli au 2/3 de sciure et copeaux de résineux bien parfumés, emportez aussi une pelle-bêche (qui restera dans la voiture rassurez-vous), un rouleau de papier toilette et de grandes feuilles de papier journal. Vous dépliez trois ou quatre couches de papier journal sec au sol et une fois garni, vous repliez le tout, l'enfournez dans le bidon et vous vissez. Arrivé chez vous, un trou à la pelle dans le jardin et hop (si vous habitez en ville c'est moins simple : faites une pose sur la route dans la forêt). Dernier conseil : si votre transit intestinal est déréglé et ressemble à un actif en crue, essayez de viser directement l'ouverture du bidon sans passer par la case "papier journal", je vous fais un dessin ?! |
X |
La lettre "x" en mathématiques indique en général
une inconnue dans une équation algébrique. En spéléo
quelle est l'inconnue "x" la plus difficile à trouver
? L'inconnue fatale c'est celle du lieu de votre sortie spéléo.
Vous, a priori, vous savez où vous allez, mais les autres
le savent-ils ? |
Y
grec |
Mickey, Bunny, oreilles de lapin : rarement un
nœud aura autant été affublé de surnoms
amusants que le nœud en Y. Ce type de nœud sert à
équilibrer la tension d'un double amarrage (répartition
de charge) et aussi à centrer la corde qui descend dans le
puits pour éviter les frottements. Au moins trois noeuds
sont utilisés pour ce genre de tâche : le précédent,
mais aussi un noeud de chaise double et le nœud
de fusion. Je dis bien "un" nœud de chaise car la
terminologie est imprécise et il existe plusieurs nœuds
différents appelés "nœud de chaise double".
Les nœuds c'est un peu comme les poissons : d'une région
à l'autre ils changent de nom : loup, louvine, bar, loubine
ou perche de mer pour un seul et même animal... |
Zicral |
Un jour des métallurgistes ont essayé de mélanger
du zinc avec de l'alu et quelques autres bricoles et ça a donné
un alliage nouveau : le zicral ou alliage d'aluminium 7075.
Il a l'avantage d'être quasiment aussi solide
que l'acier mais en beaucoup plus léger. Il
a par contre deux inconvénients majeurs : il est cher,
mais ça c'est tant pis pour votre compte en banque. Il est
également sensible à la corrosion et
là c'est un souci bien plus grave pour nous. Si vous êtes déjà remonté aux bloqueurs sur un vieil équipement en place sous terre depuis des années, il vous est peut-être arrivé de voir que l'amarrage vers lequel vous progressiez est formé d'un mousqueton étrange. Il est d'une couleur mate, claire mais indéfinissable, ses contours sont flous et son diamètre semble supérieur à la moyenne. Un ou deux mètres plus près vous constatez que ledit mousqueton est dans une sorte de gangue poudreuse !!! Là, il faut que Saint Martel soit avec vous pour que ça tienne encore quelques minutes, le temps de le changer par un neuf... Une fois de retour au bercail, vous pourrez gratter la couche oxydée du vieux mouskif et voir qu'il ne tenait plus que par quelques millimètres de métal sain : vous l'avez échappé belle. La corrosion du Zicral à l'humidité c'est un vrai danger ! (Photo David Cantalupi, Saint Privat de Champclos - Gard, février 2017) |
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