  Vers
1860 apparaît l’huile de pétrole, ou pétrole
lampant, ou encore plus tard kérosène. Bien plus fluide
et inflammable que les huiles végétales ou animales, il ne nécessite
pas les mécanismes des lampes Carcel ou à modérateur. La lampe à
pétrole est toute simple : la mèche trempe dans le liquide
qui monte naturellement au brûleur par capillarité. Le bec d’Argand,
un peu modifié mais toujours avec un verre coudé, est conservé :
c'est le bec Kosmos (voir Figures 19, 20 &
21).
Plus tard, différents systèmes de becs à disque
améliorent encore la circulation d’oxygène autour de la flamme.
Le premier de ces systèmes consiste en un disque plat placé au-dessus
de la flamme et maintenu par une tige verticale (voir Figure
22, à gauche). Le verre est bombé autour de cette partie en
métal, et la flamme évasée gagne en luminosité. Le disque du bec
Matador (voir Figure 22, à droite, & Figure
24) est percé de trous et maintenu par un cylindre vertical
également percé, afin d'améliorer encore plus le mélange gaz/air.
Citons également le bec Sebastian,
au verre droit et au disque dont le diamètre est plus étroit (voir
Figures 23, 25 & 26). La flamme n'est pas évasée mais devient
étirée en hauteur, ce qui améliore encore plus sa luminosité.
Les becs à disque ont l'avantage d'être plus
lumineux ; leur lumière est aussi plus blanche. Mais en contrepartie,
ils consomment et chauffent beaucoup plus que les becs Kosmos. De
plus, la flamme est plus difficile à régler, et il faut quelques
minutes pour que le bec soit chaud et autorise une flamme maximum,
qu'on ne peut de toute façon pas étirer autant qu'avec un bec Kosmos.
Au moindre courant d'air, la lampe fume et cesse d'éclairer convenablement.
Ce sont ces inconvénients qui les empêcheront de remplacer les autres
becs à pétrole.
 Les
Britanniques et les Américains, qui boudaient les lampes à modérateur,
utilisent plus volontiers les becs Duplex, où deux
mèches plates parallèles sont entourées d’un verre bombé en
forme de poire, ainsi que les becs américains,
à une seule mèche plate (qu'on retrouve dans les lampes-tempête
- voir Figure 27).
Ces brûleurs, certes moins performants, sont
en revanche plus solides et moins chers.
D'autres becs, pourvus d'une petite mèche plate, n'ont pas besoin
de verre (voir Figure 28) : un déflecteur en porcelaine
autour de la flamme lui donne une forme évasée. On retrouve en général
ce type de bec dans les lanternes.
Les lampes à modérateur se maintiennent jusqu’au
début du XXe siècle.
Mais la lampe à pétrole est plus fiable (car moins complexe), plus
simple et agréable d’utilisation, plus économique aussi, et
éclaire mieux. Pourtant, les hydrocarbures effraient les campagnes
jusqu’à la fin du XIXe siècle, car les accidents sont nombreux.
Si la lampe se renverse et casse, le pétrole qui coule peut s’enflammer
s’il est assez chaud. De plus, le kérosène est parfois mal
raffiné et contient encore de l’essence, très inflammable,
qui explose.
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